Ouest Américain

31 août

Le ciel est nuageux et il pleut. « C’est comme au début du voyage » remarque Maxime. Nous empruntons la route panoramique du canyon.

A la sortie nous repassons par le visitor center pour que les enfants aient leurs médailles, après avoir rempli leurs livrets. Parmi les activités, chacun devait ramasser un certain nombre de déchets, les gants prévus à cet effet étant fournis dans les livrets. Mais cet exercice a eu visiblement un tel succès qu’il ne reste plus de déchets à ramasser… Ce n’est pas grave, les enfants reçoivent quand même les médailles et promettent solennellement de protéger les parcs nationaux.

Notre prochaine destination est Kodachrome State Park.

En route, Clara et Maxime font l’école. Marie a envie de regarder les paysages et leur donne à faire des maths, la matière dans laquelle ils sont tous les deux autonomes. Les enseignants de l’école des enfants ont fait un travail remarquable. Les enfants ont non seulement assimilé les connaissances mais également la logique derrière les concepts. Cette compréhension des choses leur permet d’aller plus loin tout seul. Clara est autonome à la fois pour les maths et pour le français. Maxime a besoin d’aide uniquement pour le français, et surtout pour la grammaire, car c’est nouveau. La méthode d’apprentissage de la lecture utilisée en CP lui a donné de très bonnes bases pour l’orthographe.

Le succès de l’exercice en autonomie s’avère mitigé, la maitresse en titre n’étant pas la seule à préférer les merveilles de la nature aux plaisirs des sciences.

Par la fenêtre, les enfants aperçoivent un coyote. Nous en avons déjà vu un à Yellowstone et ils savent maintenant comment est cet animal. A un moment, on entend Justine répondre à une remarque : « Je suis encore trop petite pour apprendre une définition. »

Dans le visitor center de Kodachrome State Park, un ranger montre aux enfants un scorpion dans le terrarium. Le scorpion est de la couleur du sable qui tapisse le sol du terrarium, et le ranger l’éclaire avec une lampe spéciale pour mieux le voir. Les enfants ont également eu un frisbee en cadeau.

Le camping du parc est excellent. Il y a des douches, des arbres et même une pelouse, dans cet environnement quasi désertique, pour faire du frisbee.

Autour, les montagnes sont de couleur rouge à la base et blanches dans la moitié haute.

L’après-midi sera consacrée à l’école et aux douches. Il fait toujours nuageux, et ainsi plus frais.

Nous croisons au camping Hugues et Christine, un couple de retraités en route avec leur camping-car français. Ils sont arrivés début mai à Halifax au Canada. Ils ont eu de la pluie et du froid à Halifax, alors qu’à Cape Breton les sentiers étaient fermés à cause de la neige.

A la tombée de la nuit, la lumière de la lune cache les couleurs des montagnes environnantes et leur confère un air de mystère.

1er septembre

Nous nous réveillons à temps pour voir le soleil apparaitre par-dessus les montagnes. Nous partons faire une randonnée de 5 kilomètres entre les roches rouges. A un endroit nous voyons des traces de mains dans la roche, les parois deviennent probablement molles lors des pluies.

L’après-midi la Highway 12 nous amène vers l’est à travers un grand plateau de roche blanche.

Les paysages sont splendides, et les deux (relativement) grands ont du mal à se concentrer sur leurs maths. Nous entendons le dialogue suivant :

Maxime : « Stella, je sais mieux, je suis grand. »

Stella : « Non, tu es petit. Tu es rikiki. »

Justine : « Si on est rikiki, tu es microscopique. Microscopique veut dire si petit que l’on ne te voit pas. »

Stella : « Mais non, vous me voyez. »

Pour le soir nous nous arrêtons dans un minuscule camping rustique au bord de la route. Bien que nous soyons de nouveau à 2 500 mètres d’altitude, le camping est en pleine forêt tempérée. Nous sommes dans une National Forest, il est permis de ramasser du bois. Nous en trouvons assez pour faire un gros feu de camp.

2 septembre

Après une heure de route nous arrivons à Capitol Reef National Park. D’après le guide, les places du camping seraient prises d’assaut. De plus nous sommes samedi d’un long week-end car lundi sera férié, c’est Labor Day. Contre toute attente, nous avons même le choix parmi beaucoup d’emplacements. .

Sur l’emplacement en face, Stella a repéré une fille dont la taille lui semble en rapport avec la sienne et demande à Marie de venir l’introduire. Les filles se mettent à jouer et continueront à le faire jusqu’à nos départs respectifs. A aucun moment Justine ne viendra les rejoindre. Maxime a également trouvé 2 garçons pour jouer.

Nous retrouvons par hasard dans ce camping Christine et Hugues, déjà rencontrés 2 jours plus tôt au camping de Kodachrome. Nous nous sommes même installés juste à côté de leur emplacement, car c’était le plus à l’ombre… et près des toilettes. Nous en profitons pour partager un apéro le soir.

Même si pour Christine et Hugues c’est le premier voyage en camping car aux Etats-Unis, ils y sont déjà venus à plusieurs reprises les années précédentes pour les vacances et connaissent très bien la région, bien au-delà des National Parks de renommée internationale. Ils nous donnent des conseils sur les endroits à visiter.

Nos voisins partent demain. Ils remontent vers Yellowstone pour passer ensuite au Canada et rentrer en France fin octobre.

Vers le soir des cerfs mulets passent dans le camping pour brouter l’herbe fraiche.

3 septembre

Capitol Reef tient son nom à la fois des montagnes à sommet arrondi en forme de dôme, qui rappelaient aux pionniers les formes du Capitole, et des falaises qui créent pour les voyageurs des obstacles comme les récifs pour les marins.

Nous partons faire une randonnée vers Capitol Gorge. La route qui y mène n’est sur la fin pas revêtue. Par précaution nous avançons à 10 à l’heure, ce qui permet d’apprécier le paysage.

La promenade passe au fond d’un canyon et est en bonne partie ombragée. A la fin, le sentier grimpe pour arriver près de petits bassins d’eau, qui se remplissent lors d’orages. Nos enfants grimpent bien, ils ont fait beaucoup de progrès en marche à pied depuis notre départ.

Faire des graffitis sur les falaises est illégal de nos jours. Mais nous voyons des traces de passage des explorateurs du 19ème siècle.

Nous retournons au parking et apercevons une Audi TT. Nous nous étonnons que cette voiture de sport avec une très faible garde au sol se soit engagée sur cette route non revêtue sur la fin, mais apparemment ça le fait.

L’après-midi est consacré à l’école. En fin d’après-midi, Nicolas fait une partie d’Hôtel (jeu de société) avec les enfants, qui le réclamaient depuis un moment. Comme une partie peut facilement prendre une heure, il vaut mieux avoir du temps devant soi avant de se lancer.

Aujourd’hui restera aussi le jour où la climatisation de notre véhicule est tombée en panne après avoir émis un sifflement. L’air conditionné par 38° n’était pas un luxe.

4 septembre

Sur les conseils de Christine et Hugues nous décidons de nous arrêter à Goblin State Park pour voir des formations rocheuses originales.

La route est très belle. De plus, nous avons réussi à trouver un wifi ce qui nous a permis de mettre à jour le site Internet. Nous avons pas mal de retard dans la mise à jour car nous avons du mal à trouver du wifi.

Nous arrivons au camping de Goblin State Park pour le gouter. Il fait 38°, trop chaud pour une randonnée.

Nous avons bu 1 gallon d’eau (3,79 litres) au goûter !

Les montagnes autour du camping sont bicolores : rouges à la base et grises dans la moitié haute.

Sur l ‘emplacement en face se trouve une caravane. Il y a des enfants : 2 garçons et une petite fille de 5 ans environ. Maxime fait connaissance avec les garçons, et Stella va voir « sa copine ».

Le camping possède des vraies douches, et nous mettons à profit la fin d’après-midi pour un lavage général !

Un nuage orageux arrive vers 18h. Au lieu de nous apporter de la pluie et de la fraicheur, de fortes bourrasques de vent font voler du sable. Nous nous refugions dans le camping-car, il est impossible de rester dehors. Le vent fait bouger le camping-car et siffle dans les lanterneaux pourtant bien fermés. Nous voyons des objets voler à travers le camping et nous nous inquiétons un peu pour nos voisins partis faire une promenade en quad.

Finalement nous les voyons revenir et le vent finit par se calmer.

Nous faisons connaissance avec le papa des enfants. Cameron nous propose de venir griller des chamallows avec eux. Les chamallows gonflent et brunissent à l’approche de la braise. Une fois grillés, ils les mettent entre deux cookies. Un délice, bien sucré quand même !

En plus en voyant les enfants chercher sur les emplacements libres du bois pour faire du feu, ils nous en donnent. Pour eux c’est la fin des vacances et il leur reste du bois.

Cameron et sa femme sont mormons. Comme les autres jeunes hommes mormons il est parti deux ans à l’étranger, à Rio de Janeiro, pour propager sa foi et convertir d’autres personnes à cette branche du christianisme. De plus il a contribué aux frais de cette mission à hauteur de 10 000 USD. Pour les femmes c’est 18 mois. Les jeunes n’ont pas le choix de la destination.

Cameron a gardé de bons souvenirs de Rio et des amis au Brésil, et il a même amené sa femme découvrir ce pays.

La Lune éclaire les montagnes environnantes. Si à Kodachrome sa lumière masquait les différences de couleurs, ici elle les accentue. Le gris apparait comme blanc cassé, alors que la partie rouge reste sombre comme si elle était à l’ombre.

Recette de cookies au chamallow grille :

  1. Faire dorer un chamallow piqué au bout d’un bâton au-dessus des braises en le tournant et en faisant attention à ne pas enflammer le chamallow
  2. Mettre le bonbon entre deux cookies en l’enlevant du bâton
  3. Se régaler

5 septembre

Nous partons à la découverte de Goblin Valley. Parmi de drôles de formations rocheuses nous en trouvons en forme ressemblant à une baleine, un dauphin, une méduse, un château de Cendrillon, un sous-marin (Maxime), et effectivement un goblin.

Vers midi nous arrivons à Green River, un village qui serait la capitale américaine de la pastèque. Il y a de jolies maisons mais aussi pas mal de maisons et bâtiments commerciaux abandonnés.

Nous déjeunons dans un établissement local dont nous sortons très contents ! Sur la table voisine, déjeune une famille de  7 enfants.

Après avoir pris un emplacement pour la nuit au camping du Green River State Park, nous partons pour la laverie. Il est grand temps de faire la lessive, Maxime n’a plus rien à se mettre.

Le camping est en travaux d’agrandissement, de nouveaux emplacements sont en construction. Le soir, des camions amènent des plaques de gazon à repiquer.

L’arrosage du green du golf voisin nous apporte un peu de fraicheur.

6 septembre

Tout le monde doit prendre la douche car à Canyonlands National Park tout comme à Arches National Park, nos deux prochaines destinations, il n’y a pas d’eau. Nous ne devrons donc compter que sur nos réserves, sans pourvoir les reconstituer.

Le plus pratique pour nous serait de trouver une place au camping de Canyonlands (premier arrivé premier servi). Mais il y a seulement 12 emplacements donc nous avons peu d’espoir.

Arrivés sur place, la chance nous sourit, il y a des places au camping. Nous sommes à 1 800 m d’altitude. Ici poussent de drôles de pins, la forme de leurs branches fait penser plutôt à des arbres fruitiers. En effet, au lieu d’être droit et allongé, le tronc se dédouble à 50 centimètres du sol et les branches se ramifient davantage. Il y a aussi des genévriers. Lors des périodes de sécheresse, cet arbre aurait la capacité de couper l’alimentation en eau de certaines branches pour se préserver et grandir de nouveau lorsque l’eau réapparait en quantité suffisante. Ainsi, un arbre desséché n’est pas forcément mort.

On trouve aussi des cactus.

Le territoire de Canyonlands est divisé en différentes parties par les canyons de la rivière Colorado d’une part et de la Green River d’autre part. Nous commençons la visite par Island In The Sky, une sorte de presqu’île entre ces deux canyons depuis laquelle la vue est vertigineuse, avec d’un côté le canyon du Colorado, et de l’autre côté le canyon de la Green River. D’ailleurs, la route qui y mène passe à un moment sur une sorte de paroi (assez large pour une route mais quand même), avec des falaises qui descendent à pic d’un côté comme de l’autre.

L’après-midi nous allons voir le point de vue sur le canyon de Green River, suivi d’une randonnée le long dudit canyon (First and Second Overlook). La vue est très belle. Il y a des montagnes de couleur claire en forme de dôme comme à Capitol Reef, mais plus petites. Ce sont des anciennes dunes pétrifiées.

Le sentier est de difficulté moyenne, il monte et descend sur les rochers. Nous croisons un groupe de français en voyage organisé par Terre d’Aventure et faisant le tour des parcs de l’Utah.

 

7 septembre

Nous nous rendons au Grand View Point Overlook. Le sentier longe le bord du canyon. Nous surveillons attentivement les enfants, qui heureusement semblent comprendre le danger. Les paysages sont grandioses.

Le lieu est désertique. Au fond du canyon nous voyons une ancienne route minière qui a été abandonnée depuis la création du parc en 1964. Avant, il y avait de l’extraction d’uranium ici.

Marie a l’impression d’être sur une île dans le ciel, et Stella – dans un avion. Dans des endroits comme ici on se rend compte comment les hommes sont insignifiants face à la force magistrale de la nature.

Au retour, les autres marcheurs complimentent les enfants sur leur capacité à randonner.

La visite de cette zone du parc se termine par une petite randonnée vers Mesa Arch. Les enfants sont fatigués, Stella et Justine ont du mal à avancer.

L’après-midi nous partons en direction de l’Arches National Parc. Après un bref passage au visitor center pour préparer la journée du lendemain, nous trouvons une place dans un camping le long de la rivière Colorado.