Mexique retour

23 décembre

Nous avons prévu d’arriver dans la région d’Oaxaca pour le 24 décembre et il nous reste de la route à faire. Nous partons dès que jour se lève pour faire le plus de kilomètres possible.

Quelques dizaines de kilomètres plus loin nous passons un contrôle douanier. Des officiels nous demandent des papiers sous un panneau précisant qu’il est interdit de donner de l’argent aux douaniers, avec un numéro de téléphone à appeler en cas de problème. Ca n’empêchera pas nos interlocuteurs de nous demander de l’argent, sans insistance toutefois, après le passage du camping-car aux rayons X. Nous refuserons.

La route est de bonne qualité et permet d’avancer à 80 km/heure alors qu’au Guatemala la moyenne dépassait rarement 30 km/heure. Nous traversons des plaines côtières, des flamands roses volent au-dessus de nous.

« Des éoliennes ! » crient les enfants. Au fur et à mesure que nous nous en approchons le vent souffle de plus en plus fort. Des panneaux au bord de la route indiquant un vent latéral invitent à la prudence. Bientôt nous avons l’impression de rouler au milieu d’une petite tempête.

Nous nous éloignons des éoliennes, le vent se calme.  Peu de temps après, la route commence à grimper dans les montagnes. Des magnifiques cactus prennent la place des palmiers. La route longe le bord d’un canyon. Parfois la végétation qui couvre les flancs de montagne laisse entrevoir la roche bleue ou rose.

Notre refuge pour cette nuit sera une station Pemex. C’est là que Nicolas s’aperçoit que le vent a arraché une des deux grilles d’aération du réfrigérateur sur le côté du camping-car. Par chance la saison des pluies est terminée, sinon de l’eau coulerait sur la face arrière du frigo.

 

24 décembre

Aujourd’hui c’est l’anniversaire de Stella, elle a quatre ans.

Au milieu de la matinée nous arrivons à Santa María del Tule, près d’Oaxaca. La première étape sera le passage par Walmart pour remplir notre frigo. Justine est enchantée de pouvoir de nouveau manger le yaourt nature non sucré, introuvable au Guatemala.

Nicolas a réservé un emplacement pour nous à Overlander Oasis, un mini-camping géré par Leanne et Calvin (https://www.overlanderoasis.com/). Le couple a quitté la Colombie Britannique (Canada) et sa neige pour venir s’installer au Mexique en 2008. Oaxaca leur plaisait à la fois pour sa localisation et pour son climat. Ils ont acheté un ancien restaurant et l’ont complètement modifié en habitation pour répondre à leur gout. Dans le jardin, ils ont aménagé un petit camping. Calvin, un grand bricoleur, a fait presque tout lui-même.

Calvin regarde le trou béant laissé par la grille envolée du camping-car et promet de nous aider. D’après lui, nous nous en sommes tirés à bon compte. L’endroit à éoliennes est connu pour ses vents violents. Parmi les voyageurs passés par cette route, un est arrivé à Overlander Oasis sans store extérieur pare-soleil, un autre a vu son toit relevable arraché par le vent. Avant que le propriétaire  ait eu le temps de le ramasser un camion avait roulé dessus. D’autres encore ont perdu leurs panneaux solaires.

Overlander Oasis est un endroit agréable. Les hôtes sont gentils et accueillants. La salle de bain est joliment carrelée et le débit d’eau excellent, le petit jardin est joli et le Wifi excellent. De plus le centre ville de Tule est à deux pas et il y a des bus pour Oaxaca.

Depuis début décembre Stella parle d’acheter un gâteau pour son anniversaire. Ses vœux seront enfin exaucés, elle en choisit un beau dans une patisserie à 500 mètres du camping. Au gouter Stella souffle ses quatre bougies, aidée par ses sœurs et son frère.

 

Le soir nous réveillonnons dans notre camping-car.

25 décembre

Nous partons déjeuner en ville. Oaxaca est célèbre pour ses plats régionaux. Ici les tortillas sont fines et de grand diamètre. Nicolas et Maxime choisissent une sorte de pizza locale où la pate à tortilla est nappée au mole negro, une sauce noire épaisse. Le fromage de la région remplace la mozzarella.

Nous sommes en tee-shirt et c’est agréable de passer Noël sous un soleil radieux par 25° C.

 

Tule est un endroit très touristique grâce à l’arbre le plus gros du monde. Si les séquoias sont les plus grands arbres en volume, celui-ci a la plus grande circonférence. Même après avoir vu les séquoias, cet arbre impressionne.

Le 25 décembre Leanne et Calvin ont pour tradition de partager un dîner avec les visiteurs de leur camping.  A part nous, au camping il y a un ami à eux, un mexicain qui est ici avec sa tente, et un couple de danois. Au repas sera présente également une amie anglaise de Leanne et Calvin. Elle vit à Oaxaca et enseigne l’anglais et les sciences naturelles dans une école.

 

Nous mangeons dans un grand séjour à géantes portes vitrées coulissantes. Un bus aménagé garé sur le côté sert toujours de chambre à nos hôtes. Après le repas, Clara et Justine proposent leur aide pour essuyer la vaisselle. Essuyer la vaisselle est de la responsabilité des enfants depuis le début du voyage, ainsi ils ont de l’entrainement.

 

 

26 décembre

Cette journée sera consacrée à l’école, à la mise à jour du site web et à l’impression en ville de supports de travail supplémentaires pour les enfants. Dans une petite papeterie, Marie trouve à sa grande surprise un pack de stylos frixions. Ces stylos effaçables sont bien pratiques et sont omniprésents en France. Nous n’en avons pas apporté de stock en pensant en acheter au fur et à mesure, mais c’est seulement la deuxième fois depuis le début du voyage que nous en trouvons.

 

27 décembre

Le bus nous amène près du centre-ville d’Oaxaca. C’est une très jolie ville coloniale bien restaurée, c’est un plaisir de flâner dans ses rues piétonnes.

Nous déjeunons dans un marché couvert. Dehors, des vendeurs vendent des sauterelles séchées. Le stand où nous nous arrêtons en propose mais même Marie n’est pas assez aventurière pour tenter le plat de sauterelles grillées.

 

Nous continuons la balade l’après-midi. Dans le musée du textile les enfants ont la possibilité de  créer leur propre patchwork.

 

28 décembre

 

Calvin qui a des mains en or nous a fabriqué une grille sur mesure à partir d’une plaque d’aluminium et la fixe sur le camping-car. Nous avons de la chance, le problème est survenu juste au moment où quelqu’un était là pour le réparer.

 

Nous reprenons la route en fin de matinée en espérant arriver à Teotihuacan, dans la grande banlieue de la ville de Mexico, ce soir. Le GPS indique une heure d’arrivée  à 17h15. Nous ne nous arrêtons pas le midi et mangeons des sandwichs en roulant afin de ne pas perdre de temps.

L’autoroute ici est une route à 2×1 voie, avec des bandes d’arrêt d’urgence toutefois. Les gens n’hésitent pas à doubler même sans visibilité suffisante. La voiture qui double accélère et le véhicule doublé se pousse sur la bande d’arrêt d’urgence pour permettre de passer.

Après une paire d’heures de route nous sommes ralentis par un barrage routier. Des poids lourds sont en travers de l’autoroute pour bloquer le passage. Ils laissent passer lentement les véhicules particuliers mais pas les camions ni les autocars. Nous n’avons pas compris la raison de la manifestation mais réussissons à nous faufiler dans l’étroit passage laissé pour les voitures.

La route arrive sur un plateau de terre blanche. C’est beau à voir mais vivre ici doit être difficile, tellement cette terre parait infertile. Même les cactus ont du mal à pousser.

Nous doublons un pèlerin en train de courir au bord de l’autoroute avec une torche à la main.

 

Arrivant sur l’Arco Norte, un périphérique de Mexico city, nous voyons apparaitre des Joshua Trees. Ces drôles d’arbres borderont la route vers les Etats-Unis, tantôt isolés, tantôt en bosquets, pour disparaitre à environ 100 km  de la frontière.

A 18 heures nous arrivons enfin au camping. Nicolas aura passé 7 heures d’affilée au volant.

Nous faisons connaissance d’un couple de suisses et de leur fils de 3,5 ans. Ils voyagent à un rythme complètement différent du nôtre. Ils ont passé 4 mois en Basse Californie et ensuite plus d’un mois à San Miguel de Allende. Leur visa de 6 mois arrive à expiration dans deux semaines. Ils ont l’intention d’aller à Belize pour revenir au Mexique plus tard.

29 décembre

Nous passons une journée tranquille au camping. Les enfants sont enchantés de jouer dans la petite cabane perchée dans un arbre et aimeraient rester ici une journée de plus.

 

Clara et Marie retournent au marché. Après le Guatemala, le marché ici parait moins exotique.

30 décembre

A la station service l’appareil pour payer par carte bancaire ne marche pas, nous sommes obligés de payer en liquide. Il nous reste à peine de quoi payer l’autoroute pour arriver à San Miguel de Allende.

Le midi nous nous arrêtons pour faire à manger sur une station Pemex, décorée avec des pinatas pour les fêtes de fin d’année.

 

Nous arrivons au camping à San Miguel de Allende le soir avec l’intention de visiter la ville le lendemain et de passer le réveillon ici.

Au  camping il y a plusieurs camping-cars de retraités, dont beaucoup sont ici depuis plusieurs semaines. Comme le couple de suisses de Teotihuacan, ils voyagent à un rythme différent.

31 décembre

L’employé du camping nous a dit que beaucoup de touristes mexicains sont arrivés dans la ville pour le week-end. Or dans les rues bondées nous entendons parler plus anglais qu’espagnol. Ca parait être un lieu de villégiature pour américains. Dans la vitrine d’une agence immobilière, un appartement de 100 mètres carrés avec 2 chambres près du centre est proposé à environ 230 000 USD, alors qu’une belle maison d’architecte sur 9 000 mètres carrés de terrain est à vendre pour presque 1 million USD. Les prix sont affichés directement en USD.

La ville est décorée pour les fêtes avec des lumières et des jolies pinatas.

 

Le soir nous fêtons le réveillon entre nous. Nous n’avons pas vu de pâtisserie pour acheter un gâteau. « Ce n’est pas grave, je mangerai du yaourt sans sucre, » remarque Justine.

 

1 janvier

Nous partons en milieu de matinée et roulerons toute la journée vers le nord pour nous arrêter en fin d’après-midi sur le parking d’un hôtel. Il fait plus frais, 17°C avec un vent froid. Nous mettons nos vestes. Les enfants supplient pour aller se baigner dans la piscine en plein air de l’hôtel, mais les parents curieusement restent inflexibles.

 

2 janvier

Nous partons à 7 heures avec l’intention de parcourir les 540 derniers kilomètres nous séparant des Etats-Unis et de passer la frontière aujourd’hui. Il fait nuageux et frais. Sur la route, il y a plus de voitures immatriculées au Texas qu’au Mexique, tous en route vers le nord. Ce sont probablement des Mexicains immigrés aux US qui retournent chez eux après avoir rendu visite à leur famille pour Noël.

La route continue sur de hauts plateaux puis commence à descendre. Après un bref passage au soleil où le thermomètre affiche 15°, nous descendons dans la vallée. La température chute, des arbres au bord de la route sont givrés.

La route est d’excellente qualité, Nicolas met le régulateur, une des rares fois au Mexique.

Nous arrivons à Nuevo Laredo pour nous retrouver dans le bouchon de la frontière. Marie, qui était un peu triste de quitter le Mexique, est servie. Nous passerons 3 heures pour faire 3 kilomètres avant d’atteindre le pont traversant le Rio Grande, rivière matérialisant la frontière.

 

Après les formalités administratives nous obtenons l’autorisation d’entrer aux US. Il est 20h30 et nous partons passer la nuit dans un camping de State Park non loin de la frontière.

Nous avons aimé le Mexique. Il y a de belles choses à faire et à voir et les deux mois passés sont un strict minimum pour découvrir ce pays. Nous n’avons pas vu tout ce que l’on aurait aimé visiter. De plus, nous avons aimé la cuisine variée de ce pays. L’espagnol de Marie s’est amélioré et elle est plus à même d’apprécier la gentillesse des mexicains, qui restent néanmoins réservés. Marie serait bien restée encore un peu, mais il nous faut avancer. Nicolas quant à lui n’est pas mécontent de retrouver les routes américaines, bien plus roulantes et reposantes. Les enfants sont impatients de retrouver les fast-foods…