Canada

6 juillet

Nous avons prévu de visiter le musée des dinosaures de Drumheller (Royal Tyrrell Museum). Il continue à faire très chaud. Le parking est plein et il y a la queue pour acheter les billets. Nous ne sommes pas habitués à voir tant de monde. Les vacances scolaires canadiennes ont commencé, l’affluence a très nettement bondi.

Le musée parle non seulement des dinosaures, mais aussi de l’évolution de la vie sur la terre en général. Un film pédagogique explique les lois de la sélection naturelle.

Nous apprenons qu’à l’époque des dinosaures une mer s’étalait entre la baie d’Hudson et le golfe du Mexique.  Cela doit être la raison pour laquelle la plaine est si plate ici sur des milliers des kilomètres, comme si nous étions dans le delta d’une grande  rivière.

Des squelettes de dinosaures de toute taille sont exposés. Dans une salle sont représentés les dinosaures du milieu marin. La salle est sombre, leurs squelettes sont suspendus au plafond. Ils sont grands et Maxime a eu un peu peur, il y a de quoi.

Nous voyons par un mur vitré des techniciens travailler sur de nouveaux ossements de dinosaures. Pour un grand spécimen, plusieurs milliers d’heures de préparation sont nécessaires afin de dégager et assembler les ossements trouvés.

Un squelette complet avec des os dans leur position normale reste une trouvaille rare. Il faut que l’animal soit enfoui rapidement par des sédiments.

Une partie des squelettes a été trouvé par des archéologues, mais une partie importante a été trouvée par hasard dans des mines où lors de chantiers de travaux publics.

Il y a aussi un aquarium avec une espèce de poisson. Cette espèce n’a pratiquement pas évolué depuis l’époque des dinosaures. Il y avait des tortues et si nous avons bien compris des insectes proches du scorpion et de la tarentule. Les mammifères existaient également, mais c’étaient plutôt des rongeurs. Ils sortaient la nuit alors que les dinosaures étaient des animaux diurnes.

Clara et Maxime sont un peu déçus car les explications ne sont qu’en anglais, alors que dans les endroits visités jusqu’à maintenant il y avait également le français. Ils auraient aimé pouvoir apprendre plus. Ils le disent après être sortis du musée, sinon Marie aurait pu leur traduire davantage de commentaires.

Nous faisons ensuite les courses et avons des difficultés à trouver de l’eau en bouteille. Du fait de la vague de chaleur, les deux supermarchés visités sont en rupture de stock. Dans le second, à défaut d’eau plate, nous prenons les quatre dernières bouteilles d’eau gazeuse.

Nous nous arrêtons pour la nuit dans le village de Beiseker, devant une école. Ici, les enfants peuvent jouer sur les aires de jeux des écoles en dehors des horaires de cours.

7 juillet

Nous prévoyons d’atteindre les Rocheuses en 2 heures de route. On ne dirait pas être près des montagnes, la terre est toujours plate.

Les Rocheuses apparaissent d’un coup, elles s’élèvent face à la plaine comme les falaises face à la mer. C’est impressionnant.

Nous passons au Visitor Center de l’Alberta, équipé d’une borne de services pour camping-car. Nous profitons également du wifi, notamment pour mettre à jour le site internet. Il y a énormément de monde, au point que 2 personnes gèrent la circulation sur le parking et indiquent où se garer.

Après-midi à Canmore au bord d’un lac où les enfants réalisent enfin leur rêve de se baigner, puis ils jouent sur la plage, très fréquentée en cette journée de canicule. Ils auraient dû le faire précédemment dans les grands lacs, mais la météo trop mauvaise pour la saison ne le permettait pas.

Nous restons à Canmore pour la nuit, nous nous installons à côté d’un parc avec une belle aire de jeux, des lapins et des écureuils.

8 juillet

La matinée est consacrée à la logistique et à l’école, puis nous entrons dans le parc National de Banff, situé à proximité immédiate de Canmore.

Nous faisons le tour du Lac Johnson, 3,5 km de promenade suivis d’une baignade pour les enfants. Il y a énormément de monde, nous avons eu de la chance de trouver une place pour nous garer.

Nous aurions voulu rester dans le parc National pour la nuit mais, tous les campings étant complets et le camping sauvage interdit sur le Territoire du Parc National, nous sortons du Parc et retournons à Canmore, près de la même aire de jeux que la veille, pour la nuit.

9 juillet

Nous revenons dans le Parc National de Banff. Quelques voitures sont arrêtées au bord de la route. Nous nous arrêtons aussi, sortons du véhicule et restons un moment observer un magnifique wapiti en train de manger à une trentaine de mètres de nous.

Nous continuons ensuite notre route vers le canyon Johnson. Une randonnée aménagée passe au fond d’un étroit canyon creusé par la rivière. Nous marchons jusqu’à une chute d’eau puis faisons demi-tour.

Un agent chargé de la circulation sur le parking vient nous voir pendant le déjeuner. Un camping-car cherche à se garer. L’agent souhaite savoir si nous allons partir tout de suite pour donner la place à quelqu’un d’autre.

L’après-midi nous tentons de visiter le lac Louise, un très bel endroit parait-il. Mais les parkings étant surchargés, leur accès est fermé et nous ne pouvons donc pas nous garer. Nous renonçons.

Le Parc National de Banff connait une très grande affluence en général. Nous sommes en plus au plus fort de la saison estivale et cette année, pour les 150 ans de l’indépendance du Canada, les parcs nationaux sont gratuits, ce qui amplifie leur fréquentation d’environ 50% selon certaines sources. A Banff et aux alentours, cela devient ingérable, il y a trop de monde partout. Nous sommes tous fatigués de la foule.

Tous les campings réservables du parc sont complets. Nous décidons de nous éloigner de Banff et de Lac Louise, centres du Parc, et de poursuivre notre route vers le nord, toujours à l’intérieur du Parc National de Banff mai dans des endroits a priori moins fréquentés. Nous tentons notre chance aux campings qui ne prennent pas de réservation. Ce sont des campings dits primitifs, avec très peu d’infrastructures : toilettes sèches, pas d’électricité, pas de douches ni lavabos ni éviers, un ou deux robinets d’eau potable pour tout le camping. Nous avançons ainsi jusqu’au camping au nom prometteur, et non usurpé, de « Mosquito creek » (ruisseau aux moustiques).

La chance nous sourit. Nous prenons la dernière place disponible.

Le camping se trouve dans la forêt, les emplacements sont vastes. Les enfants sont ravis, car « c’est tranquille et on peut faire du feu». Nous pouvons enfin apprécier le Parc à sa juste valeur, hors de la foule. Nous faisons un gros feu de camp.

Après un diner en plein air au coin du feu nous allons nous coucher, pour la première fois dans un camping depuis notre arrivée au Canada le 24 mai dernier.

10 juillet

Toujours dans le Parc National de Banff, dans sa partie nord maintenant. Enfin plus gênés par la foule.

Les sommets des Rocheuses ressemblent aux Alpes selon Marie mais Nicolas n’est pas d’accord. Il y a beaucoup de lacs de montagne et une concentration impressionnante de glaciers : plus de 100 glaciers sont visibles sur les 250 km de route dans le Parc. Après un arrêt à un point de vue sur un impressionnant glacier, nous commençons par découvrir le lac Peyto, d’une couleur bleue qui saisit chaque visiteur. Ce lac est alimenté par un superbe glacier, que l’on voit très bien, et il fait la vedette de nombreuses brochures touristiques parait-il.

Il y a beaucoup moins de monde que dans la partie sud du parc. Parmi les touristes, il y a de nombreux japonais. Dans les centres d’information, il y a les informations en japonais.

L’après-midi, nous faisons une randonnée au bord du lac Bow. Au loin nous voyons une cascade qui part d’un glacier.

 

Nous continuons ensuite notre route vers le nord en espérant retrouver une place dans un camping plus loin dans le Parc National et apercevoir d’autres animaux. Notre premier souhait se réalise puisque nous trouvons une place au premier camping visité, Waterfowl lake, le deuxième souhait – non.

Nous prévoyons de finir la journée par une dernière rando aux alentours du camping. Mais une pluie  orageuse contrarie nos plans. Nicolas en profite pour laver la face avant du camping car qui était de nouveau couverte d’insectes en tout genre glanés sur les quelques milliers de kilomètres effectués depuis le précédent lavage.

Après que Marie se soit perdu dans le camping pour aller chercher du bois, ne retrouvant plus notre emplacement, nous réitérons le feu de camp, comme la veille mais, en raison de la pluie tombée en fin d’après-midi, son allumage aura été plus que fastidieux…Dans ces campings, on peut acheter un permis de feu permettant de faire un feu de camp. Chaque emplacement comprend un endroit prévu pour faire du feu. L’achat du permis de feu comprend la fourniture du bois, autant que nécessaire : on vient chercher ce qu’il nous faut sur un gros tas de bois.

11 juillet

Nous continuons notre route sur l’Icefields parkway, magnifique route au cœur des Rocheuses, d’environ 250 km de long, reliant Banff à Jasper et traversant les parcs nationaux du même nom. Il fait nuageux aujourd’hui, ce qui ne nous permet pas de profiter pleinement des paysages. L’Icefield Parkway fait partie des plus belles routes du monde.

En début d’après-midi nous quittons la Parc National de Banff et entrons dans le Parc National de Jasper.

Weeping wall

Après d’autres arrêts le long de la route, nous allons à pied vers le glacier Athabasca, à deux kilomètres à peine de la route. Le paysage est lunaire. Nous approchons à une cinquantaine de mètres du front du glacier.

Nous nous arrêtons pour la nuit non loin de là dans le camping Wilcox creek, à plus de 2000 mètres d’altitude, dans le Parc National de Jasper. Nous faisons de nouveau du feu pour le plus grand bonheur des enfants. Bien que ce camping ne comporte que 46 emplacements, la réserve de bois est si loin et le camping si escarpé que la collecte de bois se transforme en petite randonnée. Les enfants jouent au forgeron.

12 juillet

Nous sommes toujours sur l’Icefield Parkway, espérant voir des animaux. Hélas, ils sont tous cachés. Nous nous consolons en visitant de spectaculaires chutes d‘eau au bord de la route.

L’Icefields Parkway longe maintenant la rivière Athabasca. La ligne de partage des eaux entre Pacifique et Atlantique passe par les Rocheuses à l’ouest de la rivière. A l’est, les eaux coulent vers l’Atlantique pour la plupart,  sauf Athabasca qui se jette dans l’Océan Arctique. C’est également la frontière entre les états de Colombie Britannique et de l’Alberta.

Les enfants se lassent à regarder les paysages aujourd’hui encore cachés par les nuages et prennent les jeux de société. Nous en avons emporté quelques uns. Une enseignante en maternelle nous a dit un jour qu’il est important de faire jouer les enfants aux jeux de sociétés. A l’époque des tablettes et de la télé, nos petits ne jouent pas assez. Or jouer aux jeux de société leur apprend à perdre. Ca leur donne conscience qu’un échec n’est pas grave, il suffit de recommencer. Ce que nous leur rappelons constamment.

Justine et Stella jouent au Bata-Waff. Justine est en train de perdre et n’est pas contente. Stella la console : « Justine, c’est pas grave. Si tu perds, on s’en fiche. » « Et si toi tu perds ?» demande Marie à Stella « Ca c’est grave. On s’en fiche pas. »

Heureusement nous avons encore des milliers de kilomètres de route devant nous. Ils ont encore une chance de s’approprier la relativité de l’échec d’ici notre retour.

Pour la nuit, nous restons au camping Kerkeslin, dernier camping sans réservation du Parc National de Jasper avant la ville de Jasper. Les écureuils roux courent ici et là, l’un d’eux grimpe sur les roues de notre camping car. Il explore en se promenant sur l’essieu arrière, ce qui inquiète Nicolas qui a peur qu’il grignote quelque-chose. Encore un feu de camp !

13 juillet

Le matin nous arrivons à la ville de Jasper. Il était temps, nos vivres sont au plus bas. En effet, il n’y a aucun magasin sur les 250 km de cette route, et d’ailleurs presque aucune construction. C’est un espace quasiment vierge. Nous retrouvons également un réseau téléphonique après 5 jours d’abstinence, sans couverture réseau… Il n’y a plus de pain ni de beurre. Le dernier matin, tous sauf Nicolas avons mangé une conserve de haricots blancs au sirop d‘érable, un petit-déjeuner de vrais chercheurs d’or !

La journée est consacrée à la logistique : propane, courses, laverie… Il n’y avait pas de place de parking devant la laverie et Nicolas a dû transporter les 3 énormes sacs débordant de linge sur quelques centaines de mètres.

Pendant ce temps, les enfants jouent à l’aire de jeux située dans la cour de récréation commune aux écoles francophone et anglophone de la petite ville : un concept que l’on trouve épatant pour apprendre les langues.

A coté il y a un Centre du Parc National.

Comme dans tous les parcs gérés par Parcs Canada, les enfants ont un livret d’exploration du parc. Avec les livrets remplis, ils vont chercher leur récompense : une médaille remise au cours d’une cérémonie solennelle.

Il y a également des animations pour les enfants. Ils ont appris à installer un campement et ont vu un spectacle sur les feux de forêt.

Les feux de forêt font partie du cycle de vie des forêts. Ils permettent aux arbres de se régénérer et de laisser temporairement la place à la bruyère, que l’ombre des grands arbres étoufferait sinon. Ca donne de la nourriture aux animaux tels que les oiseaux et bien sûr les ours.

Au Centre nous trouvons enfin l’explication au grand nombre de pins morts. Par endroit, lorsque nous regardons la forêt de loin nous avons l’impression d’être en automne tellement il y a de couleurs jaunes. Des hivers moins froids ont favorisé la prolifération d’une mouche qui pond des œufs sous l’écorce des pins. Les larves mangent l’écorce et l’arbre meurt.

Sur l’aire de jeux, Clara et Maxime trouvent des copains de leur âge parlant Français, du Québec, voyageant à vélo. Ils font la traversée du Canada en vélo en deux mois en commençant  à Vancouver. Au cause des feux de forêt, ils ont dû faire une partie de la route en train, tellement l’air était irrespirable.

Après quatre nuits d’affilée en camping, nous reprenons nos bonnes vieilles habitudes de stationnement libre et restons devant cette aire de jeux pour la nuit. Naturellement, pas de feu de camp, mais bien moins de moustiques !

Dans la ville de Jasper, les poubelles sont « bear-proof (résistantes aux ours)», comme dans tout le parc.

14 juillet

C’est la fête nationale en France, et un grand jour pour nous : nous avons vu un grizzli. Il était en train de manger des végétaux dans le ravin au bord de la route. Après s’être laissé observer pendant un moment, l’animal s’en va continuer son repas plus loin.

Dans les rocheuses, les ours ont peu de temps pour reconstituer la graisse entre deux hivers. Ainsi, ils sont tellement occupés à manger qu’ils ne font même pas attention aux spectateurs. Mais il faut être au bon endroit au bon moment.

Cette année, le printemps était tardif et les ours sont restés plus longtemps dans la vallée où il y avait plus de nourriture. Cela a fait la joie des touristes car les rencontres avec les ours étaient plus nombreuses. Mais il y a plus d’accidents, et notamment des cas où les animaux ont pu mettre la patte sur la nourriture des hommes. Or, il suffit de quelques cas seulement pour qu’un ours arrête de chercher la nourriture dans la nature et s’oriente vers la nourriture des hommes. Dans ce cas, il peut devenir agressif. Il ne visera pas les humains, mais plutôt cherchera à enfoncer les portes d’une voiture ou bien roder dans les villes à la recherche de restes. Il devient dangereux.

Si un ours à comportement suspect se met à roder autour d’un camping ou d’un endroit fréquenté, la zone est évacuée. L’ours est capturé pour être relâché plus loin dans la nature.

SONY DSC

Nous voyons ensuite un cerf mulet. Il mange de l’herbe non loin de la route et ne parait pas gêné par notre présence.

Nous voyons également un nid, occupé, d’aigle royal.

Nous arrivons enfin vers le départ de notre randonnée sur le lac Maligne. L’endroit est magnifique. Le beau temps enfin revenu met en valeur le paysage.

Après la promenade, nous descendons pour manger sur une aire de pique-nique. De nombreux écureuils terrestres viennent nous voir. Ils sont visiblement accoutumés à être nourris. Clara et Maxime réussissent à en caresser. Pendant le repas, un écureuil grimpe sur la table avec l’intention de partager l’assiette de Stella.  Nous avons du mal à le faire partir, il n’a peur de rien !

Le soir nous retournons pour passer la nuit à Jasper, au même endroit que la veille.

15 juillet

Depuis quelques jours nous discutons de la possibilité de modifier notre itinéraire pour aller vers le Yukon, dans le nord du Canada, voisin de l’Alaska. Mais nous ne nous y sommes pas préparés, la route est longue et nous avons encore pas mal de projets pour les mois à venir. Nous renonçons finalement à ce détour d’au moins 5000 km et continuons comme prévu en direction de Vancouver.

Pas tout à fait comme prévu à vrai dire. En raison de violents incendies de forêts, qui rendent l’air irrespirable dans de vastes zones, nous ne prenons pas la route directe vers Vancouver initialement envisagée mais faisons un détour de 150 km pour éviter les zones concernées. Nous redescendons de ce fait l’Icefield Parkway en sens inverse.

La météo est aujourd’hui magnifique et nous pouvons admirer les panoramas qui pour certains étaient cachés par les nuages lors de l’aller.

Nous passons aussi par Yoko National Park. Au centre d’information, les enfants assistent à un spectacle sur les explorateurs de jadis.

   

La route à travers la montagne, parfois au sens propre.

Nous avançons encore une petite heure et nous nous arrêtons pour la nuit à Golden, à côté d’une école avec une excellente aire de jeux.

 

Itinéraire effectué depuis la carte précédente :