Mexique

13 octobre

Après avoir fait le plein de diesel, moins cher en Californie qu’au Mexique, et de propane, nous nous dirigeons vers Tijuana par la frontière la plus traversée au monde d’après notre guide (1 million de personnes par jour selon ce que nous avons lu, nous avons tout de même un peu de mal à y croire). Nous nous demandons combien de temps cela va nous prendre pour accomplir toutes les formalités.

Le passage de la frontière s’avère facile et assez rapide bien que les douaniers nous exfiltrent du flot de véhicules pour examiner notre camping-car aux rayons X, comme les bagages à l’aéroport sauf que là c’est le véhicule entier qui passe dans la machine. Nous remplissons ensuite 6 formulaires (un par personne), payons par carte bancaire le droit d’entrée, réalisons les formalités d’immigration et retirons des devises locales au distributeur de billets. En une heure tout est terminé et nous quittons le poste-frontière. Nous avons trouvé le processus professionnel, plus efficace et nettement plus rapide que lors de notre entrée aux Etats-Unis. Une bonne première impression.

Nous voilà au Mexique ! Le fameux mur entre les Etats-Unis et le Mexique existe déjà par endroit depuis des années, à Tijuana entre autres. La route le longe sur plusieurs kilomètres.

Nous partons directement vers le sud en direction d’Ensenada en empruntant l’autoroute, sans nous arrêter à Tijuana. Nous repassons au système métrique, la vitesse est libellée en km/h, les distances en kilomètres. L’autoroute passe près de la côte et Maxime demande comment s’appelle cette mer.

Il y aura trois péages sur l’autoroute pour la centaine de kilomètres à effectuer jusqu’à Ensenada. Les prix du péage sont libellés à la fois en dollars américains et en pesos mexicains. Le paiement est à effectuer en une seule devise. Nous payons le même prix qu’une voiture.

Notre première étape est le magasin d’un opérateur téléphonique pour acquérir une carte SIM locale pour notre smartphone. Nicolas avait pris le temps de trouver en avance l’offre qui nous convient le mieux, ainsi l’acquisition de la carte SIM sera très rapide.

Se garer à Ensenada s’avère être un challenge. Après avoir fait un tour du quartier nous réussissons à trouver une place à un bloc de la boutique téléphonique. Nicolas revient avec notre nouveau forfait local qui fonctionne parfaitement.

Pour le déjeuner nous testons des tacos à base de produits de la mer sur un stand dans la rue. Le propriétaire aurait été primé lors d’un concours international de vendeurs de rues à Singapour. C’est en tout cas indiqué sur son stand, et nous le lirons a posteriori dans une publication. Différentes  préparations à base de poissons et fruits de mer sont posées sur des tortillas rondes et plates, d’environ 15 cm de diamètre. Ceux qui osent goûter trouvent ça délicieux, mais cette nourriture inconnue n’inspire confiance ni à Justine ni à Stella.

Nous faisons une halte au supermarché. Nicolas part faire les courses et revient enchanté. L’offre de fruits et légumes est bien plus importante qu’aux Etats-Unis. Il a trouvé du lait UHT en un litre, alors qu’au Canada et aux Etats-Unis le lait se vend au mieux en demi-gallons (environ 2 litres) et uniquement frais, difficile à stocker dans le frigo d’un camping-car européen. Tout est à moins de la moitié du prix des Etats-Unis, même les produits importés des Etats-Unis !

Nous nous dirigeons ensuite vers un camping. La route passe par des champs, nous avons identifié des haricots et des tomates.

Le camping est petit et se trouve dans le jardin d’une jolie maison couleur ocre avec des tourelles, au bord d’une petite baie sur le Pacifique. Les enfants trouvent qu’elle ressemble à un château.

Marie a appris l’espagnol pendant un an avant ce voyage et arrive à engager des conversations utilitaires. Cet investissement s’avère utile car peu de personnes parlent couramment anglais ici.

14 octobre

Ce matin nous avons l’occasion d’observer longuement un colibri. Le petit oiseau mange le nectar des fleurs d’un arbre. Nous en avons déjà aperçu brièvement aux Etats-Unis, mais c’est la première fois que nous avons l’occasion de le regarder longtemps.

Bien qu’au bord de l’océan, les montagnes aux alentours ont une apparence désertique. L’océan n’amène ici pas d’eau à la terre.

Nous partons visiter La Bufadora, un phénomène naturel rare comparable à un geyser marin. Les vagues se brisent dans la fente d’un rocher et une boule d’air piégé par des vagues dans la cavité projette de l’eau jusqu’à une trentaine de mètres de hauteur.

Le lieu est très touristique. Nous laissons le camping-car sur un parking payant. Sur le chemin en direction de cet endroit sont installés des dizaines de vendeurs de souvenirs, de contrefaçons, de nourriture et de pina-colada.

Au point d’observation, les touristes se pressent sur la terrasse pour voir l’eau. Bien que la mer soit calme, l’eau est projetée vers le haut pratiquement à chaque vague.

Nous nous arrêtons le soir à un camping en bord de plage. Il est encore tôt et les enfants sont ravis de jouer sur la plage. Le camping se situe dans une baie sur le Pacifique, les vagues sont de taille modérée et l’eau n’est pas trop froide. Les enfants jouent près du bord à sauter dans les vagues.

 

 

15 octobre

Sur notre chemin en direction du sud il nous reste un petit bout de la banlieue d’Ensenada à traverser. Nous empruntons la route principale, parsemée de stops pour laisser entrer les voitures venant des routes secondaires. En effet, vu la circulation, il serait impossible pour une voiture venant d’une petite route de rejoindre la route principale.

La route s’éloigne de la mer pour grimper sur les montagnes. Elle passe entre des vignobles et traverse ensuite des champs de légumes dont des tomates en plein air et … des cactus ! Des tuyaux apportent aux plantes (cactus compris) de l’eau, car ici il ne faut pas compter sur la Nature pour apporter de l’humidité à la terre.

Pour notre forfait de portable mexicain, Nicolas a choisi l’opérateur qui aurait la meilleure couverture géographique. Effectivement, notre portable semble bien marcher y compris dans les zones rurales.

Après avoir roulé un bon moment dans une région montagneuse, nous descendons dans une vallée. La terre aux alentours reste sèche mais il y a beaucoup de serres. Elles sont de couleur marron argile et nous ne savons pas ce qui pousse dedans.

Le camping que nous visions étant fermé, nous continuons à rouler jusqu’au prochain candidat. Nous avons repéré un autre camping au bord de l’océan. Pour y arriver, il faut prendre une route non goudronnée sur environ 2 km. Il est 17h40 et au Mexique il est recommandé de ne pas conduire après le coucher du soleil et de rester la nuit dans des endroits gardés. Cette piste mène aussi à la plage et nous croisons de nombreuses voitures de locaux revenir.

Arrivés sur place, nous sommes accueillis chaleureusement par le propriétaire. Il nous offre des épis de maïs fraichement cuits, un régal. Le camping est un grand parking sablonneux à côté de la plage, nous pouvons nous garer où bon nous semble.

Il y a trois autres camping-cars au camping, tous des 4×4 américains.

Il était temps pour nous d’arriver, vers 18h30 le soleil est déjà couché.

Il y a un Wifi, nous mettons à jour le site web avec la fin de nos aventures dans l’Ouest Américain.

 

16 octobre

Des dauphins nagent tout près de la plage, nous restons un moment à les observer. Vers 10 heures ils disparaissent. « C’est normal, ce n’est plus l’heure de prendre le petit-déjeuner, » remarque Justine.

Nous nous posons la question quant à la prochaine étape. En effet, notre GPS indique qu’il y a 6,5 heures de route jusqu’à Guerrero Negro, trop ici pour une journée. Sur le chemin il n’y aurait que deux campings et pas de solution de repli si jamais ils sont fermés.

Nos voisins américains, en train de remonter ver San Diego, nous rassurent. Un des deux campings est ouvert selon eux, et nous pourrons nous y arrêter. Quant au trajet jusqu’à Guerrero Negro, il faudrait plutôt compter 8 à 9 heures pour faire les 450 km, car l’état de la route est aléatoire.

La route regrimpe dans les montagnes. Si près de l’océan il faisait 22°C, la température mesurée montera jusqu’à 42°C dans les terres au cours de la journée.

Nous entrons dans l’Area de Proteccion Valle de Los Cirios. De part et d’autre de la route poussent de magnifiques cactus dont la taille dépasse notre imagination. Nous voyons parfois des oiseaux perchés en haut des cactus.  C’est aussi beau que dans les parcs nationaux américains, nous ferions bien une promenade, mais rien n’a l’air prévu pour et nous ne sommes pas certains des conditions de sécurité.

Nous traverserons dans la journée 3 postes de contrôle militaire. Les soldats, couverts de la tête aux pieds, armés et vêtus de gilets pare-balles, gardent néanmoins le sourire. A un poste, on nous laisse passer, à l’autre un soldat entre jeter un coup d’œil dans les placards du camping-car, au troisième nous échangeons quelques mots avec les soldats.

Aux postes de contrôle l’armée a aménagé des petits jardins. Des plates-bandes de plantes locales (ie essentiellement des cactus, parfois des palmiers et des Joshua Trees) sont délimitées par des pierres peintes en blanc.

Nous passons à côté de 3 vautours, posés près de la route. Le beau plumage noir de ces oiseaux contraste avec une tête nue rouge. Les enfants se perdent en conjectures quant à la raison de l’absence de plumes sur la tête.

L’après-midi, des rochers apparaissent et le paysage fait maintenant penser au parc national de Joshua Tree que nous avions visité en Californie. L’endroit est magnifique et mérite bien d’être protégé et visité au même titre que les parcs nationaux américains. Nous espérons que ça finira par être le cas. En attendant, Marie admire le paysage par la fenêtre. Nicolas quant à lui doit se concentrer sur la route, il y a énormément de gros trous. Les enfants se lassent vite, et aux exclamations de Marie « Regardez les beaux cactus ! » répondent « Maman nous en avons déjà vu des comme ça. »

L’état de la route ne permet pas de rouler vite. Tout a ses bons côtés, nous n’avons jamais consommé aussi peu, à peine plus de 8 litres au 100 km en moyenne depuis notre arrivée au Mexique, ce qui booste notre autonomie.

Nous nous arrêterions bien sur le bord de la route pour dormir, tellement c’est beau, mais préférons aller dans un endroit gardé.

Le camping, un grand terrain avec quelques arbres, se trouve près du lit d’une rivière, avec au bord des palmiers et des cactus. L’eau doit couler ici uniquement au moment des orages.

17 octobre

La route grimpe tantôt sur les montagnes, descend tantôt dans les vallées où il doit y avoir de l’eau près de la surface. Il n’y a que peu d’habitations.

Les rochers blancs ont presque disparu mais nous voyons autour de nous des Joshua Trees (ou yucca ?). Le climat semble toutefois peu propice à ces arbres, vu leur apparence chétive.

Nous traversons  encore un barrage militaire. Il fait 36°. Certains militaires portent en plus de l‘uniforme des casques et des gilets pare-balles. Nous les voyons entrer dans un local pour verser de l’eau dans les casques.

Nous arrivons enfin à Guerrero Negro. C’est la Basse-Californie du Sud, un autre état du Mexique. Au changement d’état il y a un poste de contrôle. Les employés nous demandent si nous avons des fruits et finalement nous laissent passer, nous pouvons tout garder. Il y a un appareil de désinfection des roues, mais il ne désinfecte qu’une petite partie de la surface et ne nous semble pas servir à grand chose. Nous changeons aussi de fuseau horaire, 8h de décalage avec la France au lieu de 9h.

Nous nous arrêtons pour la nuit à l’hôtel Malarrimo,  qui a des emplacements pour camping-cars derrière l’hôtel. Autour des bâtiments, il y a beaucoup de fleurs en pots.

Guerrero Negro devient un endroit touristique entre décembre et avril lorsque des baleines viennent dans l’ouest de la Basse Californie pour donner naissance à leurs petits. Nous sommes mi-octobre et c’est la basse saison. Nous sommes les premiers arrivés. Le parking n’a rien de glamour, mais juste à coté il y a une tonnelle décorée avec des fleurs. La table est assez grande pour nous tous. Nous y passerons l’essentiel de notre temps, notamment pour l’école, et ainsi trouvons l’endroit plutôt charmant.

Nous commençons par prendre la douche, il y a de l’eau chaude. Marie profite d’un moment calme pour couper les cheveux de Nicolas et de Maxime.

Nicolas essaie de raccorder le camping-car au réseau électrique mais notre transformateur refuse de commuter. La tension réseau mesurée est de 132 Volts, nous pensons que c’est hors de la plage de fonctionnement de notre transfo 110-120 / 220-240 Volts.

18 octobre

Nous décidons de rester à Guerrero Negro pour faire les courses, imprimer des feuilles d’exercices scolaires supplémentaires pour Maxime et faire la lessive. Nous aimerions également pouvoir faire réparer les sandales de Nicolas.

La laverie est bien. Les machines sont comme à la maison, mais utilisent beaucoup plus d’eau que les machines françaises. Le règlement est à faire à la propriétaire présente sur les lieux et non pas via un monnayeur. La dame est très gentille, elle met des dessins animés pour les enfants.

Nous avons également réussi à imprimer les exercices du site Bout de Gomme dans une papeterie qui fait aussi internet café. Pour le CE1, les exercices de Bout de Gomme sont excellents, Maxime comprend vite et bien.

Si le lavage du linge se passe mieux qu’escompté, le supermarché nous réserve une surprise alors que nous étions confiants suite à notre très bonne expérience d’Ensenada. Il nous manquera beaucoup de produits, le choix de fruits est restreint, l’hygiène douteuse. En revanche, il y a une grande variété de piments. Dans cette petite localité éloignée de la frontière américaine, les standards semblent loin de ceux d’Ensenada.

La réparation des chaussures est un fiasco. Nous passons d’un minuscule magasin de chaussures à l’autre au grès des diverses recommandations. Il y a des magasins de chaussures d’occasion. Bien que plusieurs personnes nous aient indiqué le chemin jusqu’à un hypothétique cordonnier, nous ne trouvons pas. Nous trouvons en revanche un marchand d’eau purifiée, donc potable, où nous faisons remplir nos bouteilles.

Le soir nous retournons à l’hôtel Malarrimo, comme la veille.

19 octobre

La route tourne vers l’est pour rejoindre la côte est de la Basse Californie.  Dans la plaine autour de nous les cactus se mêlent aux broussailles couvertes de petites feuilles vertes.

Après 2 bonnes heures de traversée du désert, nous arrivons à San Ignacio, un petit village construit dans une oasis. Nous nous garons sur la place principale du village pour faire à manger. A coté de nous, il y a une sorte de stand-bibliothèque, où chacun peut emprunter des livres. D’après une page d’explication, le pays a mis en place un programme de bibliothèques mobiles intitulé « Lire pour mieux vivre. »

Après la visite de la mission San Ignacio, datant du 18ème siècle, nous reprenons la route pour traverser une région montagneuse avant de descendre vers la Mer de Cortez (aussi appelée Golfe de Californie par les américains).  Nous voyons des vautours planer.

La route rejoint la mer vers Santa Rosalia. La ville s’est développée grâce à une mine. Nous la traversons sans nous arrêter au supermarché, ce que nous regretterons plus tard.

Nous nous arrêtons pour la nuit dans un camping après Santa Rosalia. Il y a quelques Snowbirds (des américains ou des canadiens venus passer l’hiver au soleil). Beaucoup ont construit à côté de leurs camping-cars ou caravanes  des abris semi-permanents.

Il y a aussi un couple suisse. Ils ont fait un trajet similaire au notre mais en passant par l’Alaska. Ils ont l’intention de rester 2 mois en Basse Californie pour ensuite revenir visiter l’Est Américain.

Nous sommes garés à 10 mètres de la mer, mais impossible de laisser les enfants jouer dans l’eau. Ils se seraient vite abimés les pieds sur la plage couverte de coquillages cassés. De plus, les voisins américains nous ont prévenus dès notre arrivée de la présence de nombreuses raies pastenagues. Ce poisson se pose sur le sol et pique avec le dard de sa queue celui qui a eu la malchance de la toucher.

20 octobre

Notre prochaine destination sera un magasin à Mulegé, mentionné sur iOverlander. Arrivés sur place, nous découvrons que le magasin n’existe pas. Zut alors ! Nous n’avons presque plus de fruits ni de légumes.

Nous cherchons d’autres magasins dans la petite ville. Les routes sont étroites, il est difficile de circuler avec notre véhicule. Nous finissions par trouver une petite superette. Dire que le choix est limité serait un euphémisme. Nicolas revient avec quelques légumes mais pas de fruits.

Il est midi, nous nous installons dans un petit restaurant de tacos ouvert sur la rue. Par la fenêtre, nous voyons passer un camping-car français. Le couple avait vu le nôtre. Nous nous faisons signe et ils viennent déjeuner avec nous.

Manu et Sylvie sont passionnés de photo animalière. Après avoir passé plusieurs fois des vacances au Canada et en Alaska, ils ont pris 3 ans pour voyager plus longuement en Amérique du Nord.

Après le déjeuner nous partons nous installer dans le sommaire camping El Coyote, au sud de Mulegé. Une courte mais rude piste nous y mène. Il y a une paire de camping-cars américains et des mexicains en tente. Nous nous installons littéralement sur la plage, le camping-car à 10 mètres de l’eau au bord de la baie de Concepcion, sur la mer de Cortez. Le cadre est idyllique.

Il semblerait après nous être renseignés auprès du voisinage que les raies pastenagues ne fréquentent pas cette plage. Nous croisons les doigts et laissons les enfants, ravis, courir se baigner. Il parait que l’eau est à 30°C, nous n’avons aucun mal à y croire.