Sud et Est Américain

3 janvier

Il fait 2°C et pourtant quelques camping-cars et caravanes sont venus camper ici. Deux biches traversent à quelques emplacements du nôtre.

Marie et les enfants prennent la douche au camping-car afin de vider le réservoir de l’eau non potable mexicaine et le remplir ici avec de l’eau potable, après l’avoir nettoyé et séché. D’habitude Clara vide la moitié du réservoir en prenant la douche mais il fait tellement froid qu’elle se dépêche de terminer le plus rapidement possible. Après 5 douches il reste encore de l’eau et Marie se lance dans le nettoyage de la cabine de douche.

Le midi nous mangeons dans un fast-food. Nicolas et les enfants sont ravis de retrouver la nourriture américaine.

Le frigo est vide, nous passons un bon moment au supermarché pour refaire les réserves. A cette occasion, Stella choisit son cadeau d’anniversaire – sa première Barbie avec des accessoires sur le thème de la plongée.

 

Le temps de faire les courses il est déjà 17h30, nous retournons au même camping pour y passer une deuxième nuit.

 

4 janvier

En sortant du camping Nicolas aperçoit un sanglier. Pourtant nous sommes dans une zone semi-urbaine à coté d’une autoroute, d’un aéroport et d’innombrables fast-foods.

Nous partons en direction de Houston. La route passe par une plaine semi-désertique où les cactus se mélangent aux petits arbustes.

 

Le midi nous nous arrêtons au Mc Donald’s, à côté d’une station service pour camions. Nicolas souhaite en profiter pour regonfler les pneus du camping car car nous n’arrivons pas ici à obtenir une pression suffisante avec les appareils destinés à gonfler les pneus des voitures.

Un jeune homme assis à la table voisine entame la conversation. Philippe est un chauffeur routier québécois. Il rentre à Montréal avec une remorque de tomates mexicaines chargées à la frontière. Il lui faudra 3 jours et demi pour parcourir les 3 500 kilomètres le séparant de sa destination.

Philippe nous demande si en France on sert de l’alcool dans les fast-foods. En effet, en Amérique du Nord ce n’est jamais le cas.

Philippe nous explique comment gonfler les pneus à la station service pour camions. De l’air est disponible à certaines pompes mais il n’y a pas de manomètre. Il propose de nous prêter son manomètre « C’est la moindre des choses ! ». Après avoir gonflé nos pneus avec Nicolas, il vient voir notre camping-car et nous fait la visite guidée de son gros camion. Malgré sa taille son véhicule ne consomme que 40 l/100 km environ. Il y a des lits superposés derrière la cabine de pilotage ainsi qu’un frigo et un micro-ondes.

 

Pour la nuit, nous nous arrêtons sur un parking de Walmart dans la banlieue de Houston.

 

5 janvier

Sur la route vers le Houston Space Center nous passons par deux péages. Avec le système d’ici les voitures munis du télépéage local n’ont pas à ralentir. Ca fonctionne comme les radars en France, les plaques d’immatriculation sont prises en photo.

Après une heure de route nous arrivons avant l’ouverture et nous nous garons juste à côté de la navette spatiale, posée sur son avion transporteur.

Le Space Center présente des expositions et des films sur les programmes de la conquête de l’espace de la NASA. Nous apprenons des choses sur le développement des engins mais aussi sur la vie dans l’espace et visitons un centre de contrôle de la Station Spatiale Internationale. Un système sophistiqué de recyclage de l’eau permet d’en réutiliser 93%. Se laver et manger en condition de microgravité n’est pas une mince affaire. Lors de l’exposé sur la vie quotidienne dans la Station Spatiale Internationale, Clara montera sur scène pour assister le présentateur. Sa responsabilité inclut la démonstration de l’utilisation du lit adapté à l’apesanteur. Elle s’en sort très bien, bien que tout soit en anglais.

 

Maxime, qui jusqu’à maintenant avait l’intention de devenir pompier, hésite à se consacrer plutôt au développement des fusées.

Nous sommes vendredi, et pour la nuit nous partons nous garer sur le parking d’une école non loin de là.

Au dîner Clara s’aperçoit qu’elle a oublié d’enlever son haut de pyjama. En effet, depuis le retour aux USA il fait tellement froid que nous ne quittons pas les polaires même la nuit. Ainsi le matin il est facile d’oublier d’enlever le haut du pyjama caché par-dessous. Heureusement que Clara n’a pas eu à enlever sa polaire au Space Center pendant la présentation. D’après Maxime, ça aurait été « la honte internationale ».

 

6 janvier

Nous nous sentons démunis devant l’idée de visiter l’Est Américain avec un Routard d’il y a 20 ans, et passons par une librairie pour acheter un guide récent.

 

Notre prochaine étape est Galveston, une île au sud de Houston reliée à la terre par un pont. Nicolas a mis dans le GPS les coordonnées d’une laverie en libre service.

Selon toute probabilité Galveston était jadis une grande dune. Aujourd’hui cette île plate est habitée, mais côté océan les constructions sont sur pilotis. Le rez-de-chaussée comporte au plus un garage fermé.

 

Laver et sécher environ 30 kg de linge est un programme en soi, et une fois la lessive terminée nous partons au camping. Il se trouve tout près de la plage et il y a une aire de jeux. Au loin dans la mer, nous voyons des plate-formes pétrolières.

 

7 janvier

Si les maisons en bois couleur pastel donnent beaucoup de charme aux quartiers pavillonnaires de Galveston, le quartier historique avec des bâtiments délabrés nous plait moins. Nous partons prendre le ferry, gratuit, pour traverser l’embouchure de la baie. Du bord du ferry, nous voyons des dauphins nager par paires près de l’embarcadère.

 

Nous pensions nous arrêter pour la nuit à un endroit au bord de la plage recommandé par AllStays. Arrivés sur place, nous voyons qu’il s’agit d’un point sur la plage au bord de l’eau. Pour cette nuit la météo prévoit des orages, nous nous demandons si nous n’allons pas être submergés par la mer.

Nous continuons la route pour finalement rester pour la nuit au parc de Winnie. « Mais non, cela ne peut pas être une ville, c’est le nom d’un ourson ! » s’exclame Justine. Parmi des dizaines d’emplacements nous en choisissons un près de la porte d’entrée dans la plus grande aire de jeux que nous ayons vue jusqu’ici. Les enfants ravis partent jouer sur les constructions en bois dont l’architecture rappelle les tours des châteaux forts. Maxime propose en vain à ses sœurs de jouer « au moyen âge ».

 

8 janvier

Il a plu pendant la nuit et nous nous réveillons le matin entourés de flaques d’eau. Les enfants partent jouer un peu sur l’aire de jeux malgré tout.

Notre route passe par des terres à peu près au niveau de l’océan avec des zones humides, des plans d’eaux, des canaux et des plaines. Toutes les maisons sont surélevées. Bien que sur une route secondaire, nous avançons vite, grâce notamment à l’absence de circulation et à la rareté des villages.

 

En regardant par la fenêtre, Marie se demande pendant une fraction de seconde comment un pneu éclaté au bord de l’eau pourrait se torde ainsi, avant de comprendre qu’il s’agit d’un crocodile. Des canaux bordent la route des deux cotés et Marie aura l’occasion d’apercevoir plusieurs reptiles. Maxime en aura vu un : « Il était noir et un peu vert et il y avait comme des piquants qui sortaient ». Les autres devront se contenter de flamands roses.

Le soir nous arrivons au camping de Palmetto Island State Park. Les employés du parc sont la prévenance incarnée, nous nous sentons ainsi bien accueillis.

Nous avons quitté le Texas et sommes maintenant en Louisiane.

Dans ce parc nous découvrons des tatous, de nouveaux animaux à carapace. Pas farouches ils se laissent approcher facilement.

 

Sur une centaine d’emplacements, pas plus de 20 sont occupés. Nous nous installons sur un grand emplacement, avec une table et un foyer pour faire du feu. Les sous-bois autour font penser à Tikal avec ses plantes à feuilles de palmiers et des lianes.

 

9 janvier

Nous décidons de rester encore un peu pour profiter du Wifi, de la laverie et des douches. Entre l’école, une promenade sur un sentier du parc et un grand feu en fin d’après-midi la journée passera vite.

 

Le soir, Maxime énerve exprès Justine en la traitant plusieurs fois de suite de quelque chose comme bichette. « Maxime, arrête, sinon je vais te taper ! » « Dis-lui plutôt bichette toi-même, » conseille Marie. « Non, plutôt taper ! ».

 

10 janvier

Nous arrivons à New Iberia pour le midi. Souhaitant trouver un endroit pour manger, nous trouvons par hasard le restaurant « Bon créole ». C’est un fast-food animé servant une cuisine locale, Nicolas voit le sheriff arriver pour y manger. Nicolas, Clara et Maxime prennent des po-boys, des sandwiches bien garnis aux crevettes locales frites. Justine et Stella demandent des frites. Clara trouve du citron et du sucre en libre service pour faire de la limonade maison.

Au début d’après-midi nous visitons le moulin à riz Konriko, le plus ancien moulin à riz des Etats-Unis. Ce n’est pas la période de la récolte, le moulin est à l’arrêt. L’employée qui nous fait la visite demande aux enfants de ne pas toucher les chats, qui « travaillent ici » à chasser les souris.

 

Nous partons à Walmart pour faire les courses et y restons passer la nuit.

 

11 janvier

Nous allons à Avery Island, tout près de New Iberia, pour visiter l’usine Tabasco. C’est ici qu’est fabriquée la fameuse sauce piquante exportée dans plus de 180 pays.

La visite autoguidée est instructive. En France la marque est surtout connue pour son mélange classique mais en réalité il existe 7 sortes différentes aux saveurs distinctes.

Lors de la fabrication, les piments sont d’abords broyés le jour de la récolte avec un peu de sel, et la pâte obtenue est macérée pendant 2 à 3 ans en futs en bois scellés par le sel. Ensuite, après le rajout du vinaigre le mélange passe encore 2 à 3 semaines dans des cuves en bois. Les enfants trouvent les énormes cuves moins impressionnantes à voir car « c’est comme le cidre ». Le mélange est ensuite filtré et mis en bouteilles. Plusieurs centaines de milliers de petites bouteilles sortent chaque jour de l’usine.

Le fondateur était financier de métier installé à la Nouvelle Orléans et amateur de sauces épicées. Après la guerre de sécession,  la ville était ruinée et il a dû changer de métier. Aujourd’hui encore la société est toujours contrôlée par ses descendants.

La dernière étape de la visite est le magasin d’usine qui vend, en plus des sauces et des produits alimentaires les contenant comme ingrédient, tous les produits dérivés Tabasco possibles et imaginables.

Après la visite on nous donne des échantillons de sauces et des haricots en conserve au Tabasco. Marie adore, pour les autres c’est trop épicé.

 

C’est grâce à notre vieux guide du Routard que nous sommes venus ici. Le Lonely Planet, supposé sortir des sentiers battus, ne mentionne pas New Iberia ni l’usine Tabasco.

Nous reprenons l’autoroute vers Lafayette puis Baton Rouge pour passer sur un pont de 23 km de long au-dessus des zones humides d’Atchafalaya. Clara est enchantée de voir la rivière mentionnée dans des chansons chantées à la chorale relatives au Grand Dérangement, l’expulsion des Acadiens de l’Acadie, venus s’installer ici et devenus les Cajuns. Un peu avant Bâton Rouge, nous quittons l’autoroute pour prendre une route nationale vers le sud qui passe dans la vallée du Mississipi. Malheureusement le fleuve est caché derrière une immense digue et il n’y donc pas grand intérêt à le longer. Depuis que nous avons quitté Houston, la campagne reste plate comme les terres autour de Dunkerque. La route passe à travers des champs de canne à sucre et des installations pétrolières.

Nous traversons enfin le Mississipi, qui ici n’a rien de bucolique. De gros cargos passent entre les installations portuaires, les silos et les usines installées près de l’eau.

 

Nous avons prévu de dormir au camping d’une plantation. Arrivés sur place, nous ne trouvons personne. Nous décidons de poursuivre plus loin et dormirons à coté d’un parc dans une petite ville. Il fait 22° C, c’est bien agréable d’être en tee-shirt.

 

12 janvier

Une ligne de chemin de fer passe derrière le champ, au bord du Mississipi. Un gigantesque train de marchandises est à l’arrêt, nous ne voyons ni sa tête ni sa queue. Si en France les trains se font discrets, ici ils klaxonnent à répétition au passage des habitations.

Pendant la nuit la température a baissé de 15 à 20°C et un vent froid souffle à travers les champs.

Nous arrivons à Laura Plantation pour faire une visite guidée en français. Il parait que les gens qui visitent Laura plantation en été se demandent à quoi servent les cheminées, mais nous sommes convaincus de leur utilité vu les conditions météo. D’ailleurs notre guide réduit au maximum le temps passé à l’extérieur tellement le vent est glacial.

La visite est instructive et passionnante et plait aux petits comme aux grands, malgré le temps. La guide nous raconte l’histoire de la région à travers l’histoire de la famille de planteurs. Laura est la dernière de cette dynastie, elle a par la suite vendu la plantation. Cette femme, née à l’époque de A. Lincoln a vécu 102 ans et est morte pendant la présidence de Kennedy.

  • Maison des esclaves

 

Après la visite et un déjeuner au camping-car nous roulons pendant une heure puis nous nous arrêtons pour la nuit dans le camping de Bayou Segnette State Park, près de la Nouvelle Orléans. Notre emplacement se trouve près de l’aire de jeux. Clara trouve une copine pour jouer, et un garçon est venu jouer au loup avec nos enfants.

Il fait toujours froid, nous sommes contents de pouvoir brancher le camping-car au réseau électrique et de pouvoir laisser le chauffage en marche toute la nuit.