Sud et Est Américain

17 février

A Sebastian Inlet State Park nous avons pour la première fois été confrontés à des mouches de sable, en grand nombre. A peine visibles, ces insectes font mal lorsqu’ils piquent. De nombreuses mouches ont embarqué avec nous, et d’autres étaient visiblement ravies de nous retrouver hier soir. Nous avons été piqués des dizaines voire des centaines des fois. Marie donne de l’antihistaminique aux enfants tellement ça les gratte de partout.

La brume couvre la baie et le parking. Nous décidons d’avancer un peu pour nous arrêter près d’une plage le midi.

Après le déjeuner Marie et les enfants partent à la mer. La mer est belle et les vagues modérées. Hélas la température de l’eau n’est plus la même, il fait trop froid pour se baigner. Les enfants sont néanmoins contents de profiter de la plage.

 

En fin d’après-midi, nous avançons encore un peu et trouvons pour la nuit un parking près du terrain de sport d’un collège.

 

18 février

L’humidité ambiante est telle que pendant la nuit l’eau s’est condensée sur l’extérieur du camping-car et s’est mise à couler à petites gouttes depuis le toit sur le pare-choc arrière. Le bruit des gouttes a réveillé Clara et Nicolas, qui s’est levé pour aller voir ce qui se passe.

Au programme aujourd’hui : la découverte de St. Augustine. C’est parait-il la plus jolie ville des Etats-Unis, et à nos yeux parmi les plus jolies.

St. Augustine a été fondée par les espagnols. Contrairement aux autres territoires des Etats-Unis, la Floride faisait jadis partie de l’empire espagnol, à l’exception de 21 années où elle a été sous la domination du Royaume-Uni.

Même si la Floride ne possédait pas de gisement d’or et d’argent comme le Mexique ou l’Amérique du Sud, St. Augustine avait une importance stratégique pour les espagnols. Elle offrait un port et un abri à leurs bateaux transportant en Europe les richesses du Nouveau Monde. En même temps, elle empêchait leurs ennemis d’établir une base à cet endroit, qui leur permettrait d’attaquer les bateaux espagnols.

La rue piétonne est bordée de bâtiments de l’époque coloniale, beaucoup plus modestes qu’au Mexique. Une petite maison en bois abritait jadis une école.

Le Flagstaff college, jadis un hôtel datant de la fin du 19ème construit par le magnat américain homonyme, est un bâtiment d’un autre genre. Ici tout est opulence et démesure mais reste néanmoins joli. Aujourd’hui, ce bâtiment abrite une université. Chanceux sont ceux qui font leurs études dans un si beau cadre.

St. Augustine subissait régulièrement des attaques de corsaires, et au 17ème le gouvernement espagnol a décidé de remplacer les fortifications en bois par un fort en « coquina ». Cette pierre, faite de coquillages agglomérés entre eux par le sel et le sable, provenait de l’île Anastasia située non loin de là. Clara en avait trouvé un petit morceau sur la dernière plage.

Les enfants sont enchantés d’assister aux tirs de canons et de voir un film pédagogique expliquant le fonctionnement des armes de l’époque.

 

Vers 17 heures nous revenons au camping-car. Il nous manque du pain et du lait pour demain matin, nous décidons d’avancer jusqu’au Walmart de Jacksonville pour nous ravitailler et passer la nuit sur le parking. Arrivés sur place il s’avère que ce Walmart n’autorise pas le parking la nuit. Nicolas achète le minimum en vitesse et nous partons trouver avant la tombée de la nuit un endroit pour dormir. Ce sera le parking d’une petite église.

19 février

Nous passons à un autre Walmart pour faire les courses mais le panneau « pas de véhicule récréatif » à l’entrée du parking nous incite à passer notre chemin.

Nous quittons la Floride sans avoir vu un seul verger ni d’orangers, ni de pamplemousses. D’ailleurs, la plupart de temps les pamplemousses dans les supermarchés de Floride venaient du Mississipi et du Texas.

L’Etat de Géorgie où nous arrivons parait tout aussi plat que la Floride mais beaucoup moins peuplé. D’ailleurs, nous avons l’embarras du choix d’emplacement dans le camping d’un county park. L’endroit est beau mais les mouches de sable abondantes. Dommage car nous aurions bien aimé faire les sentiers de randonnée.

 

20 février

Notre voisin nous conseille de visiter Savannah, une jolie ville située sur notre chemin. D’après iOverlander, nous pourrions stationner et rester pour la nuit sur le parking de l‘Office de Tourisme.

Arrivés sur place, il s’avère que la ville n’autorise plus le parking de nuit. Il semblerait qu’en termes de civisme et de propreté, le comportement de certains usagers laissait à désirer. La ville en a eu assez. La fin d’après-midi approchant, nous repartons en direction de Charleston sans visiter Savannah.

Nicolas entre dans le GPS les coordonnées d’un camping à Charleston. La distance est un peu trop longue, nous espérons trouver quelque chose en route.

La route passe par des plaines humides, avec peu d’habitations et pas d’endroit pour y passer la nuit. Nous finissons par arriver vers 18h30 au camping. Heureusement pour nous, l’accueil est ouvert jusqu’à 20 heures et il y a de la place.

 

21 février

Apres avoir garé le camping-car sur le parking de l’office de tourisme, nous partons à pied découvrir  Charleston. La ville tarde à dévoiler son charme, peut-être parce que nous avons commencé par une grande rue.

Il est temps de manger, nous déjeunons chez Hyman’s, un restaurant de poisson. De nombreuses photos dédicacées ornent les murs et les groupes AC/DC et Phish avaient mangé à notre table avant nous. Un des propriétaires s’arrête nous dire bonjour et laisse des coupons pour du popcorn pour les enfants. La qualité de service aux Etats-Unis en général et dans ce restaurant en particulier est excellente. Les serveurs donnent toujours des feuilles d’activité avec des crayons pour les enfants : coloriage, mots mêlés, points à relier etc. Le personnel est aimable et aux petits soins avec les clients, et on nous remercie même d’être venus.

L’après-midi nous arrivons dans de jolis quartiers. Marie aurait aimé visiter le marché aux esclaves transformé en musée. 12 millions d’africains ont été forcés à traverser l’océan pour devenir esclaves en Amérique. Mais le musée comporte peu d’objet, les panneaux explicatifs constituent le plus gros  de l’exposition. Le lieu n’est pas adapté pour nos enfants.

Nous continuons notre promenade. De magnifiques demeures face à la mer rappellent les plantations du Mississipi. Nous rentrons par de petites rues ornées de jolies maisons en bois.

 

En fin d’après-midi nous partons plus au nord pour passer la nuit à côté d’une rampe de mise à l’eau pour bateaux, avec une magnifique vue.

 

22 février

Vers midi nous arrivons au Huntington Beach State Park où il reste de la place au camping. Le lieu est agréable : nous mangeons dehors à l’ombre des arbres en écoutant le bruit de l’océan tout proche.

L’ambiance est accueillante, un peu comme dans un village. La majorité des clients sont des snowbirds, ils restent suffisamment longtemps ici pour faire connaissance. Les gens s’arrêtent pour nous parler, les enfants sont ravis de pouvoir caresser les chiens.

L’après-midi Marie amène les enfants à la plage toute proche.

 

23 février

Nous aimerions rester ici encore une nuit mais le camping est complet. Les bénévoles à l’accueil nous conseillent d’appeler le camping de Myrtle Beach State Park non loin de là. En effet, ils ont une place et acceptent de nous la garder.

Après le déjeuner près de l’aire de jeux nous partons à notre emplacement au camping. Nous sommes vendredi, c’est la première fois depuis notre arrivée en Floride qu’il y a de la place au camping le week-end.

L’après-midi Marie amène les enfants à la plage. Il fait doux, les petits vont même jouer un peu dans l’eau, pourtant glaciale.

24 février

Aujourd’hui c’est l’anniversaire de Justine, elle a 6 ans. Joyeux anniversaire !

Nous aimerions rester ici encore une nuit mais il ne reste que des emplacements pour véhicules de moins de 15 pieds (5 mètres). Nicolas part voir si nous pourrions entrer sur un emplacement comme ça. En effet, notre camping-car de 7 mètres rentre largement, nous pouvons rester.

 

Petit à petit des familles arrivent pour profiter de la météo particulièrement agréable pour la saison.  Alors qu’en semaine les clients du camping sont surtout des retraités du nord en quête de douceur, aujourd’hui les enfants prennent possession des lieux.

 

25 février

Nous avons du mal à nous décider à avancer vers le nord où il fera plus frais et décidons de rester ici une journée de plus. Entre l’école et la recherche de bois au camping en guise de recréation, la matinée passe vite.

Clara travaille sur les mots invariables. Dans l’exercice où il faut reconstituer les proverbes en mettant les mots invariables manquants, elle est arrivée à : « Mieux vaut tard que tôt. »

L’après-midi Nicolas amène les enfants à la plage pendant que Marie fait le ménage. En sortant Marie voit une tortue en train de traverser notre emplacement. Dans les campings les écureuils sont omniprésents et nous avions vu des biches de nombreuses fois, mais pas encore de tortue. Elle avance d’un pas décidé et même avec une grâce certaine, mais heureusement pas très vite, de telle sorte que les enfants pourront la voir à leur retour quelques emplacements plus loin.

 

26 février

Après avoir fait les courses nous reprenons la route avec l’intention de dormir au camping de Croatan National Forest. Arrivés sur place, il s’avère que le camping est fermé, endommagé par une tempête. Il est 17 heures, nous nous rabattons sur le parking de terrains de sports.

Il se met à pleuvoir, ce qui n’empêche pas les équipes de baseball et de foot de s’entrainer jusque tard le soir.

27 février

Pour remonter à New York, plutôt que de prendre l’autoroute, nous avons préféré longer la côte et passer par Outer Banks. C’est plus long en temps mais sans doute plus beau, et puis nous espérons avoir moins froid sur les îles qu’à l’intérieur des terres. En effet, depuis hier le thermomètre a baissé de 10° C environ.

Aujourd’hui nous visitons Fort Macon et le Maritime  Museum à Beaufort.

En fin d’après-midi nous prenons le ferry pour Outer Banks. La traversée dure 2h30 et à l’arrivée il fait déjà nuit. Après avoir tourné en peu, nous nous installons pour la nuit à côté d’une petite église.

Le soir Marie lit un journal gratuit trouvé pendant la journée. L’article discute de solutions pour protéger les élèves et le personnel des écoles des tirs de gens (un peu) dérangés mentalement mais en possession d’armes à feu. La solution proposée consiste à autoriser le corps enseignant à porter des armes en leur payant éventuellement des cours de remise à niveau. L’article, qui est pour la détention d’armes en général, précise que : « Le Japon n’a pas envahi les Etats-Unis pendant la deuxième guerre mondiale parce qu’ils savaient que les américains avaient des armes à feu. Ils ne savaient pas combien d’américains possédaient combien d’armes à feu ni où ils se trouvaient, et c’était l’élément dissuasif qui les a retenus. »

 

Un autre article parle des efforts de la Caroline du Nord pour continuer à limiter dans le futur le taux d’intérêt maximal des prêts à la consommation à 30%. De surcroit dans d’autres états américains ce taux peut être supérieur.

 

28 février

Outer Banks est constitué de grandes bandes de sable où jusqu’à maintenant l’urbanisation effrénée a été évitée, contrairement à la Floride. Les jolies maisons en bois couleur pastel et de nombreuses zones protégées restées sauvages donnent beaucoup de charme à cette série d’îles. Pourtant le lieu est très touristique en été, bien qu’en ce moment il n’y ait pas grand monde. Nous aimerions bien aller au camping d’un des parcs nationaux, mais tous les campings sont fermés.

Après une demi-heure de route nous reprenons un autre ferry. L’ile suivante est proche mais les bancs de sable obligent le bateau à faire un gros détour. La traversée dure presque une heure.

A l’arrivée nous passons voir le Graveyard of the Atlantic museum, dont l’exposition présente de nombreux objets provenant d’épaves de bateaux. Les bancs de sable, les courants et les tempêtes ont rendu la navigation près de ces côtes tellement dangereuse que le lieu a été baptisé « Cimetière de l’Atlantique ». On décompte plus de 600 naufrages au large de ces iles.

 

Dans l’après-midi nous tentons de visiter un phare mais ils sont tous fermés pour l’hiver. Il fait beau et nous faisons une jolie promenade à côté d’un plan d’eau de Pea Island National Wildlife Refugee.

Pour la nuit nous nous installons sur le parking de la jetée à Whalebone, près d’une belle aire de jeux.

D’après le journal local les restaurants et les magasins des Outer Banks ont du mal à trouver de la main d’œuvre pour l’été, au point pour certains de devoir réduire leurs horaires d’ouverture. Ceci serait dû en partie au cout du logement dans ce lieu très touristique en été.

 

1 mars

Il nous reste de la route à faire pour remonter jusqu’à New York et ça tombe bien car il pleut.

La traversée de la Chesapeake bay se fait partiellement sur un pont et partiellement dans un tunnel aménagé pour laisser passer de gros bateaux. En effet, c’est au fond de cette baie que se trouve Baltimore, un grand port d’où partira notre camping-car pour revenir en Europe.

Peu après le pont, le compteur kilométrique passe la barre des 40 000 km, dont environ 37 000 parcourus en Amérique.

Nous nous arrêtons au camping de Delaware seashore State Park, un des rares campings ouvert en cette saison. Lorsque nous arrivons, un seul emplacement est occupé. Plus tard arriveront deux autres camping-cars. Le camping lui-même est un terrain nu sans charme près d’un pont suspendu et de la route, mais une belle aire de jeux plait aux enfants.

La nuit le pont est éclairé en bleu.

 

2 mars

Une forte tempête s’est abattue sur le Nord-est des Etats-Unis, le trafic aérien est perturbé à Boston et à New-York. Ici un vent fort s’est levé pendant la nuit.

Nous avons l’impression qu’il n’a jamais fait aussi froid depuis le début du voyage. Il fait 2° C, un vent violent et la pluie mêlée à la neige glacent jusqu’aux os ceux qui osent sortir.

Ce n’est même pas un temps pour faire de la route à cause des très fortes rafales de vent. Nicolas roule à 50 à l’heure pour aller jusqu’au supermarché. Dans l’après-midi, nous irons nous refugier dans une laverie en attendant la fin de la lessive. Dehors, les gouttes de pluie volent à l’horizontale.

Nous allons au camping de Cape Henlopen State Park tout proche. En sortant pour aller aux toilettes, Justine a du mal à croire que le vent dans les arbres puisse produire un bruit si fort. Nous avons beau habiter en Bretagne depuis 3 ans, jamais nous n’avons vu un vent si fort persister pendant si longtemps.