Sud et Est Américain

3 mars

Le vent s’est un peu calmé mais ça souffle toujours très fort. Nous décidons de rester ici une journée de plus en attendant que le temps s’améliore. En effet, cette nuit le vent a arraché une grosse branche de sapin pour la rejeter de l’autre côté de l’allée du camping. Nous nous étions heureusement sciemment installés à bonne distance des grands arbres.

Ce camping a ouvert hier pour la saison et ça nous arrange bien. Il est situé dans une belle forêt de pins.

Pendant la deuxième guerre mondiale une base militaire se trouvait à cet endroit. Elle protégeait l’accès dans la baie de Delaware au fond de laquelle se trouve Philadelphie. Plusieurs tours d’observation faisaient partie de la ligne de défense. La tour la plus proche du camping se visite et nous y montons. La vue est belle mais le vent nous incite à redescendre vite.

 

 

4 mars

Après le ferry pour traverser la baie de Delaware nous prenons l’autoroute vers New York et arrivons  au RV Park (camping) de Jersey City vers 13 heures. En cette saison il n’y a pas foule. Les clients sont entre autres un bateau en hivernage, branché à l’électricité, et le camping-car d’un dentiste à domicile. Nous voyons depuis le camping la Statue de la Liberté par la fenêtre de notre camping-car.

Jersey City se trouve face à Manhattan, de l’autre coté de l’Hudson River. L’après-midi nous faisons une balade au bord de l’Hudson river pour voir la forêt de gratte-ciels juste en face.

 

5 mars

Le RV Park se trouve près d’une ligne de train de banlieue, à 2 stations de Manhattan, pratique pour aller se balader dans la ville. Sur le chemin vers la station, Clara remarque un écureuil courir sur les fils électriques.

Lorsque nous montons dans le train toutes les places assises sont prises mais des personnes se lèvent tout de suite pour laisser de la place aux enfants. Ce sera ainsi pendant tout notre séjour à New York.

Nous commençons par une promenade à Greenwich Village, indiquée par notre guide Lonely Planet. Tout le long, nous croiserons beaucoup de français équipés du guide du Routard, qui visiblement propose le même itinéraire en sens inverse.

Certains cafés sont fermés pour l’hiver, à croire que les New Yorkais vont plus souvent au resto lorsqu’il fait plus chaud.

Un bistrot à la française affiche « Gastrothèque » dans la vitrine. « Ca doit être pour attraper la gastro » suggère Clara.

L’après-midi Marie et les enfants visitent le Whitney Museum of American Art pendant que Nicolas profite du wifi au café du musée pour faire de la logistique. C’est agréable de pouvoir se réchauffer un peu au musée mais l’étendue de la collection n’est pas à la hauteur du prix du billet d’entrée. Nous faisons ensuite une balade sur le High Line, une ancienne voie de chemin de fer surélevée transformée en coulée verte. La promenade passe à coté d’un drôle de parking où les voitures sont entreposées sur des racks à 4 niveaux, comme les bateaux à moteur en hivernage dans certains ports. Nous en verrons d’autres à Manhattan à l’occasion de promenades. Comment on sort les voitures pour les rendre aux clients reste pour nous un mystère.

 

Lorsque nous rentrons au camping tout le monde est bien fatigué. Les enfants s’endorment aussitôt couchés.

 

6 mars

La météo a prévu du soleil pour toute la journée, nous partons voir la Statue de la Liberté et Ellis Island.

Un ferry pour visiter ces monuments part de Liberty State Park, pas loin du camping. Nous nous rendons à pied à l’embarcadère. Le soleil est doux mais les flaques d’eau à côté du chemin sont encore gelées en surface.

Nous commençons par Ellis Island. L’île a été aménagée pour le contrôle des émigrants. En effet, les Etats-Unis n’acceptaient sur leur sol que les personnes en bonne santé capables de gagner leur vie. Les autres (environ 2%) étaient renvoyés dans leur pays d’origine. Les conditions lors de la traversée de l’Atlantique étaient atroces.

Les structures ont été dimensionnées pour recevoir 5 000 nouveaux arrivants par jour. En effet, 13 millions de personnes ont transité par Ellis Island entre 1892 et 1954. Avant Ellis Island, les structures d’accueil étaient installées directement sur l’île de Manhattan. Le gouvernement les aurait déplacées sur Ellis Island pour protéger les candidats à l’immigration des abus de certaines personnes malhonnêtes souhaitant profiter des nouveaux arrivants.

Le musée parle des vagues d’immigration depuis différents pays. Les gens venaient pour fuir la famine comme 2 millions d’irlandais, la surpopulation de la vieille Europe, la discrimination pour certains peuples comme les juifs en Europe de l’Est. Des photos, des documents d’époque et des témoignages nous dévoilent les conditions de leur arrivée, leurs premiers pas. Les enfants sont ravis d’avoir des audio-guides en français avec des commentaires adaptés aux petits.

Après la visite nous nous installons sur une table de pique-nique pour le déjeuner. La moitié de la famille a la vue sur la Statue de la Liberté, l’autre moitié sur Manhattan.

L’après-midi nous reprenons le ferry pour nous rendre à la Statue de la Liberté. Un musée explique l’origine de la statue ainsi que sa construction. C’était à l’époque une prouesse d’ingénierie. La statue a été offerte par les Français aux Etats-Unis pour leur 100ème anniversaire. L’argent venait de donations mais aussi du prix des visites de la partie supérieure installée à Paris avant d’être expédiée à New York. Le geste permettait entre autres de souligner le désaccord entre les idées de la Révolution et le système de gouvernance de la France de l’époque.

 

Le soir nous rentrons au camping-car fatigués et gelés mais bien contents de la journée.

 

7 mars

La météo a prévu des chutes de neige, une journée qui nous parait parfaite pour visiter le Metropolitan Museum of Arts qui est une sorte de pendant du musée du Louvre.

Nous avions pensé à une petite pluie mêlée à de la neige et pensions arriver au musée avant que cela ne commence. Mais des gros flocons commencent à tomber alors que nous sommes encore à plusieurs blocks de l’entrée. La neige recouvre vite les trottoirs et, à l’arrivée, les chaussures des enfants sont trempées.

Marie se souvient des récits de la deuxième guerre, pendant laquelle des bandes de tissus remplaçaient les chaussettes. Nous allons dans les toilettes où les enfants enlèvent leurs baskets et Marie leur enroule des bandes de papier d’essuie-mains autour des pieds. Justine trouve la solution agréable, elle est contente d’avoir enfin chaud aux pieds. Maxime résiste, craignant d’avoir l’air ridicule. En nous regardant, une femme se met à faire pareil, la neige a eu raison de ses bottines de cuir. Maxime est quelque peu rassuré de voir une femme adulte utiliser notre solution.

Une fois les pieds au chaud, nous partons visiter le musée. Il est immense. De nombreux objets sont des donations. Des visites guidées par des volontaires sont proposées à certaines heures.

Comme dans les parcs nationaux, des commentaires détaillés et pertinents sur les objets et les époques permettent de bien comprendre les œuvres.

Nous commençons par les salles d’armes. Les armures d’Henri IV n’ont pas beaucoup évolué depuis le moyen âge.

Ensuite nous allons voir les pièces consacrées à l’Egypte. Dans une salle immense avec une baie vitrée recouverte par la neige est exposé un temple égyptien entier.

Le musée possède une importante collection de peintures flamandes. Malheureusement, le style ne plait pas aux enfants : « Maman tu comprends c’est très sombre. Nous, on est des enfants, les enfants aiment les couleurs. »

Lorsque nous sortons la neige tombe de plus belle. Marie aimerait prendre des photos mais de gros flocons de neige atterrissent sur l’appareil et risquent de le casser.

Lorsque nous arrivons à Jersey City il fait déjà nuit. La neige continue à tomber et en plus le vent souffle fort. Les enfants sont néanmoins contents, surtout Clara et Maxime.

 

8 mars

Nous décidons d’aller à The Cloisters, une annexe du Metropolitan Museum consacrée à l’art religieux européen. A l’origine, un architecte américain qui est venu étudier en Europe a collectionné des objets et même des parties de bâtiments religieux. Le but était entre autres de les montrer aux étudiants américains en architecture. En France ce collectionneur a pu acheter des éléments d’architecture des églises, tombés entre les mains de particuliers après la Révolution Française.

Nous traversons Upper Manhattan et tout Harlem en bus. Le trajet est intéressant mais dure beaucoup trop longtemps.

 

9 mars

Nous commençons par une balade dans la ville. Dans un parc en face de Flatiron building, les enfants partent jouer sur l’excellente aire de jeux. Ils aimeraient bien s’y attarder plus mais il fait trop froid pour que nous restions longtemps à les attendre sans bouger.

 

Notre chemin passe devant une des boutiques de la Maison Kayser, une chaine de boulangerie-pâtisserie française. L’établissement propose du pain cuit sur place et des sandwichs à 16 dollars l’unité.

 

L’après-midi nous retournons au Metropolitan Museum pour voir la collection de peintures européennes des 19ème et 20ème siècles, ainsi que l’art contemporain, dont une partie des collections sont des donations privées. Nous y resterons jusqu’à 18 heures.

Nous avons passé deux après-midis au Metropolitan Museum et sommes loin d’avoir tout vu. Ce musée recèle d’immenses richesses et d’ailleurs le bâtiment a été agrandi au fil des années pour accommoder des nouveaux arrivages. Le billet d’entrée au musée est valable 3 jours !

10 mars

Nous sommes ici depuis une semaine et avons l’impression de n’avoir pas encore vu grand-chose. De plus l’ambiance de New York nous plait beaucoup. Nous décidons d’y rester une semaine de plus.

Les enfants se sont plaints de passer trop de temps dans les musées, nous décidons de passer la journée à nous balader dans la ville. « Quoi, on n’ira pas dans un musée ? Mais on va geler ! » s’exclame Justine. Effectivement, il fait froid, la neige n’a toujours pas complètement fondu.

Les enfants sont émerveillés en voyant la station du World Trade Center, refaite après le 11 septembre. Tout est blanc et baigne dans la lumière.

 

Après le Mémorial du 11 septembre, nous visitons China Town et Little Italy. Pour déjeuner nous atterrissons dans un restaurant vietnamien et constatons a posteriori qu’il était déjà mentionné dans notre vieux Routard de 1994/95. Le guide décrit l’établissement comme un endroit où on mange bien pour pas chez. Cela n’a pas changé depuis. Nous ne l’avions pas choisi grâce au guide mais parce que nous avions vu qu’il était bondé de clientèle asiatique.

Nous arrivons ensuite au Greenmarket Farmer Market, dont le parc possède une belle aire de jeux.

 

Nous retournons prendre le RER à la station de World Trade Center par les petites rues de Greenwich Village.

 

11 mars

Aujourd’hui c’est le changement d’heure ici. Le soleil est au rendez-vous et le vent au contraire est enfin parti. Nous en profitons pour aller voir le pont de Brooklyn.

Le métro nous dépose à Brooklyn. La balade commence sur les Brooklyn Heights, un pittoresque quartier résidentiel. Depuis la promenade nous avons une belle vue sur l’East River et Manhattan.

Brooklyn était jadis un port important. Aujourd’hui, les anciens quais ont été aménagés en terrains de sport.

Après avoir admiré la vue sur Manhattan, nous montons sur le pont et le traversons à pied, comme de nombreux autres promeneurs venus profiter du soleil.

L’après-midi nous poursuivons jusque Times Square pour voir ses lumières.

 

En tout nous aurons fait une bonne dizaine de km dans la journée.

 

12 mars

Nous allons voir la galerie de Guggenheim, ça sera une déception. L’entrée est aussi chère qu’au Métropolitan mais la collection permanente est toute petite. Le bâtiment lui-même est beau mais donne l’impression d’avoir été construit pour abriter une collection plus importante, qui ne s’est jamais matérialisée. L’exposition temporaire laisse à désirer, elle ne correspond pas à notre goût. Nous avons du mal à comprendre pourquoi il faut venir dans un musée pour admirer entre autres un moteur, un sac de voyage avec un rondin de bois dedans, ainsi qu’une tour constituée d’une télé cathodique posée sur un petit frigo lui-même posé sur un lave-linge.

Les enfants ont eu des audio guides et sont enchantés de la visite. En effet, ils ont réussi à trouver des applications de type smartphone et jouent pour voir la météo et les cours de la bourse.

 

13 mars

Il va neiger toute la matinée. Nous profitons de la mauvaise météo pour faire la lessive à la laverie du camping.

L’après-midi nous passons à Macy’s, un grand magasin, à la fois pour visiter et pour acheter des baskets pour Clara.

 

14 mars

Après le déjeuner au Korean Food Garden sur la 32ème rue, devenu notre cantine, nous partons voir le Museum Of Modern Art (MOMA).

Le musée propose des audio guides gratuits avec des commentaires en français adaptés aux petits pour la collection permanente. Les enfants sont enchantés, et Marie aussi. L’audio guide permet aux jeunes d’apprécier les œuvres, et pendant qu’ils explorent à leur façon Marie peut regarder les tableaux et écouter en paix les commentaires pour adultes en anglais.

 

15 mars

Nous nous baladons dans les rues de New York en passant au Rockfeller center et par la Trump Tower. Nous y entrons, l’entrée est gardée par des policiers armés jusqu’aux dents ainsi qu’un homme dont le gilet porte la mention « Secret service » en grosses lettres. Le bâtiment abrite le Trump café, Trump grill, Trump souvenir shop, boutique Ivanca Trump et, pour varier, un Starbucks. Nous n’aurons utilisé que les toilettes.

Nous finissons la journée à Central Park.

 

Hier a eu lieu une manifestation d’élèves pour demander une régulation plus stricte sur la vente des armes à feu. L’évènement a eu lieu 1 mois après une fusillade dans un lycée en Floride, où un homme a tué 17 personnes. Aux Etats-Unis il faut avoir 21 ans pour acheter une boisson alcoolisée. En revanche, on peut se procurer des armes à feu à partir de 18 ans, apparemment sans vérification quant à la capacité de l’acheteur à l’utiliser de façon raisonnable. Un sondage indique que plus de la moitié de la population soutient l’initiative des étudiants. La position de l’administration pour l’instant reste d’armer les enseignants.

 

16 mars

Nous allons voir la fameuse Wall Street.

Dans New York les boutiques de café à emporter abondent et de nombreux passants marchent dans les rues avec des cafés à la main.

L’après-midi nous faisons un aller-retour sur le ferry gratuit pour Staten Island, histoire de faire une balade sur l’eau et d’avoir une belle vue sur Manhattan et la statue de la liberté.

 

17 mars

Aujourd’hui c’est la Saint Patrick, la fête de l’Irlande. New York et les irlandais font les choses en grand et la célèbrent entre autres avec un défilé sur la 5ème avenue de 150 000 personnes admiré par 2 millions de spectateurs, dont nous 6. Nous espérons seulement pouvoir voir quelque chose.

De nombreux passants arborent le vert, la couleur de l’Irlande. Les gens se pressent pour voir le défilé. Au niveau de la 50ème rue Clara réussit à trouver une place sur la bordure pour les enfants. Les gens se poussent cette fois aussi pour laisser de la place aux enfants. Quant à Nicolas, avec ses 1,9 mètres il voit bien par-dessus les têtes.

Après le déjeuner nous retournons à Central Park. C’est l’occasion de regarder encore le défilé. Nous avons vu passer une multitude d’orchestres irlandais, des cornemuses et autres instruments par centaines mais aussi des groupes des écoles, des associations d’anciens élèves d’une école d’infirmières, des pompiers, la police de NYC et la police des prisons, des park rangers et encore d’autres groupes divers et variés.

 

C’est notre dernière journée à New York. En tant que touristes nous avons tous beaucoup aimé cette ville. Clara, charmée par Central Park et les patinoires, aimerait venir passer une année ici. Maxime trouve la ville trop bruyante.