Sud et Est Américain

1 février

Nous avançons de quelque miles pour arriver à Oscar Scherrer State Park. Le panneau à l’entrée affiche « camping complet » mais Nicolas demande tout de même s’ils ont de la place, au cas où. Nous avons encore une fois de la chance, ils ont en effet un emplacement libre pour une seule nuit. Le temps que nous nous garons, un autre camping-car arrive. Il souhaiterait un emplacement pour ce soir ou demain, mais c’est complet. Si nous étions arrivés 5 minutes plus tard, ça aurait été lui et pas nous.

L’occupant précédent de l’emplacement n’est pas encore parti. Nous allons faire une petite rando et mangeons sur l’aire de pique-nique pour revenir à la réception vers 13 heures afin de faire les formalités.

 

L’après-midi, un couple passe à côté de notre emplacement et nous complimente sur notre camping-car.

 

 

2 février

Au moment de partir, une personne nous interpelle en français. Elle est bretonne et vit avec son mari à Houston depuis 20 ans pour raisons professionnelles. Ayant récemment pris leur retraite, ce couple voyage pour deux ans à travers les Etats-Unis afin de choisir un endroit où s’installer pour leur retraite. Ils ont récemment tenté de réserver pour l’hiver 2019 un camping aux Keys, le chapelet d’îles au sud de la Floride. C’était trop tard, tout est déjà complet presque deux ans avant.

Après avoir passé un bon moment dans des bouchons, nous arrivons à Fort Myers Beach, une île reliée au continent par un pont. Par ce temps ensoleillé, les gens viennent profiter de la plage.

 

Après avoir flâné dans le centre touristique, nous partons à la recherche d’un endroit pour dormir. La chance nous sourit, nous trouvons très vite un parking tranquille derrière une église.

Cerise sur le gâteau, nous captons bien un Wifi ouvert. Marie en profite pour mettre à jour le site.

3 février

Notre route passe par Big Cypress National Preserve. Cette réserve est située au nord d’Everglades National park, célèbre pour ses alligators et crocodiles, et fait partie du même écosystème. Elle faisait d’ailleurs jadis partie d’Everglades parait-il, mais a été déclassée en National Preserve il y a une quarantaine d’années pour y permettre notamment l’exploration pétrolière.

Nous nous arrêtons au visitor center pour manger, aller sur le ponton pour voir les lamantins et bien sûr pour nous renseigner. Un panneau explicatif parle des espèces exotiques qui prennent la place des plantes et animaux d’origine. Quelques pythons, originaires d’Asie du sud-est, ont été relâchés dans la nature ici par leurs propriétaires désirant s’en débarrasser.  Les serpents ont trouvé l’habitat à leur gout, ils s’attaquent aux oiseaux et aux animaux, jusqu’aux alligators.

Nous nous arrêtons à un point d’observation. De nombreux oiseaux vaquent à leurs occupations dans le canal alors que quelques alligators se reposent sur les bords. Les alligators mangent toutes les 2 semaines et le reste du temps les oiseaux, même à proximité, n’ont rien à craindre. L’eau grouille de poissons.

Un anhinga pèche dans le canal. Cet oiseau plonge pour remonter à chaque fois avec un poisson en travers du bec. La plupart du temps il ne juge pas nécessaire d’apparaitre complètement, nous voyons seulement son cou sortir de l’eau. Le pécheur à plumes jette en l’air son poisson tel une crêpe, pour ensuite le rattraper dans le sens de la longueur, l’avaler et disparaitre de nouveau sous l’eau. Quelques-uns de ses compères sèchent leurs ailes au bord de l’eau, comme des cormorans.

Nous faisons ensuite une courte marche pour voir entre autre des orchidées en fleur pousser sur des arbres. Ces plantes, originaires d’Amérique du Sud, ont été amenées ici par les oiseaux migrateurs. Elles utilisent les arbres comme support uniquement, sans les abimer.

La promenade se termine par un point d’observation au-dessus d’un trou creusé par des alligators. Ces trous, dont les dimensions typiques sont  de 10 mètres de diamètre et 2 mètres de profondeur, servent de refuge à de nombreux poissons et animaux et procurent en même temps aux alligators une réserve de nourriture.

 

Les enfants commencent à travailler sur leurs livrets du parc avec beaucoup d’enthousiasme. Clara trouve la première tous les mots croisés. Justine, avec un peu d’aide de sa grande sœur, finit avant Maxime et même Stella s’y met.

Sans beaucoup d’espoir, nous nous rendons dans un camping situé dans la National Preserve. La chance nous sourit encore une fois, un emplacement est disponible. Le couple de gardien nous montre le chemin vers l’emplacement. Ce couple du Maine fait ici depuis 10 ans cette activité pendant l’hiver.

 

4 février

Nous passons par l’autre Visitor Center de Big Cypress National Preserve, doté d’un point d’observation des alligators. Le parking est grillagé, sans doute pour empêcher les reptiles d’y venir. Les alligators restent au soleil à se réchauffer et à digérer la nourriture pendant toute la journée en hiver. Là aussi l’eau grouille de poissons.

Après un peu de route nous voilà au Shark Valley Visitor Center d’Everglades National Park. Un sentier longe un canal. Avant la création du parc, c’était une route menant à un puits de pétrole. Le canal adjacent a été creusé car on prenait les cailloux pour la construction de la route. Aujourd’hui, ce canal sert de refuge à la faune d’Everglades pendant la saison sèche.

Ici et là, des alligators se réchauffent au soleil au bord de l’eau et donc au bord de la route. Nous ne sommes pas très rassurés et changeons de coté. Le souci est qu’il y a aussi de l’eau de l’autre côté de la route, où un bébé alligator se prélasse au soleil. A notre retour, ils seront trois bébés. Nous sommes plutôt contents de ne pas avoir vu la maman.

Un héron posé près du bord regarde attentivement l’eau. Tout d’un coup, il s’envole pour atterrir au milieu du canal, plonge le bec dans l’eau et attrape un poisson. En revenant sur la berge avec sa proie il gonfle les plumes et pousse des cris pour faire peur à Clara qui s’est approché de trop près au gout de l’échassier.

La route quitte les zones préservées et traverse des zones agricoles. Nous passons près d’un champ de palmiers à huile. Il fait 28°C. Nous sommes surpris d’arriver dans une zone au climat tropical en très peu de temps.

 

Dans l’après-midi nous passons à Walmart faire les courses. Nous aimerions bien passer la nuit sur le parking mais ce magasin ne l’autorise pas. Il semble que dans le passé trop de camping caristes en profitaient. Nous partons sur le parking de Home Depot juste à côté.

5 février

Après être passés près de champs de cocotiers et de papayers, nous revenons à Everglades par le sud pour faire deux courtes marches. La première passe dans des bois. De nombreux troncs ont été déracinés par l’ouragan Irma de septembre dernier. Certains sont tombés, d’autres restent maintenus par la végétation autour.

Le deuxième sentier nous amène au-dessus d’une zone humide et d’un canal. Dans l’esprit de nombreuses personnes, Everglades évoque les marées et donc de l’eau stagnante. En réalité l’eau ici s’écoule doucement sur un plateau faiblement incliné vers la mer et reste ainsi transparente. Nous voyons bien les poissons et un anhinga en train de les pécher. Un autre oiseau marche sur les feuilles de nénufars et mange leurs graines.

 

Les enfants se plaignent de la chaleur. « Je préfère l’été en Bretagne ! » s’exclame Maxime. « Mais on n’est pas en été, on est en hiver, » répond Clara.

Vers midi nous arrivons au camping de Long Pine Key et avons l’embarras du choix d’emplacement. C’est l’heure de déjeuner et c’est bien agréable de manger dehors. En fin d’après-midi il se met à pleuvoir bien que ce soit la saison sèche. La nuit venue nous voyons des éclairs.

6 février

La première balade nous amène au-dessus d’une rivière couverte d‘herbes hautes. A cet endroit, cette rivière peu profonde est large de 13 km.

La deuxième promenade passe par des mangroves. Les arbres sont tout nus, les vents de l’ouragan Irma ayant arraché toutes les feuilles.

 

Les enfants travaillent pendant le trajet. Stella, la plus petite, est motivée comme les 3 autres réunis et demande à travailler à chaque fois. A force d’écouter en même temps ce que font Clara et Maxime, notre petite de 4 ans parle du masculin-féminin et dit : « Nous mangeâmes ».

Nous suivons la route jusqu’au Visitor Center. Les enfants reçoivent leurs médailles et font une promesse solennelle de protéger la nature.

Nous allons ensuite près de la marina en espérant voir des crocodiles. Les crocodiles vivent en effet  dans l’eau salée et tolèrent l’eau fraiche, alors que pour les alligators c’est l’inverse. Les alligators ont par ailleurs un museau plus arrondi. Un reptile flotte effectivement dans le canal, mais nous ne sommes pas assez experts pour distinguer un crocodile d’un alligator.

Nous retournons dormir dans le camping de Long Pine Key au même emplacement que la veille. Une femme de l’emplacement voisin vient offrir aux filles des barrettes avec des fleurs, et nous faisons connaissance.

Den et Mary sont de jeunes retraités du Maine. Ils sont venus en Floride pour 3 mois et sont  enchantés de la liberté de voyager.

 

7 février

Nous quittons les Everglades. Finalement, nous avons préféré le côté nord du parc et le Big Cypress National Preserve car c’est là-bas que nous avons vu le plus d’oiseaux, et au sud l’ouragan a fait beaucoup de dégâts. Mais ça doit dépendre des saisons. Contre toute attente, nous n’avons pas utilisé une seule fois de produit anti-moustiques.

Après avoir fait la lessive, nous nous dirigeons vers les Keys, l’archipel d’iles au sud de la Floride. De nombreuses maisons sur pilotis sont en cours de construction, certaines sont presque achevées. Nous voyons un bâtiment écroulé sur lui-même et de nombreux débris amenés à terre par l’ouragan Irma.

Contrairement à la côte nord du golfe du Mexique où les constructions en bord de mer étaient toutes sur pilotis, la majorité des maisons existantes ici ne le sont pas. La reconstruction est loin d’être finie, de nombreux habitants vivent encore dans des caravanes ou des camping-cars.  L’énorme majorité des campings sont toujours fermés.

Passé Key Largo, les îles deviennent plus petites, moins urbanises et nous voyons bien l’eau turquoise depuis la route.

Nous tentons notre chance dans quatre campings, sans succès. Ici les gens réservent 1 an à l’avance. Nous nous arrêtons pour la nuit sur un petit parking à coté d’un stade, en face d’un dog park, un enclos pour promener les chiens.

Contre toute attente, le soir Nicolas trouve une place au camping du John Pennekamp Coral Reef State Parc pour le lendemain, et fait une réservation par internet. En haute saison comme maintenant, trouver un emplacement au camping dans les Keys juste en arrivant n’est même plus une chance mais un miracle.