16 août
Avant de poursuivre vers Kings Canyon et Sequoia National Park, nous faisons les courses. Depuis mi- juillet (Colombie Britannique, Canada) nous mangeons notamment des cerises et des myrtilles.
Notre route « Orange blossom road » passe entre les vergers d’orangers. Tous les arbres sont arrosés sinon rien ne pousse dans cette contrée chaude et sèche. Les montagnes près de la côte retiennent les nuages et la pluie ne pénètre pas en Californie intérieure.
Nous arrivons en milieu d’après-midi à Kings Canyon National Park et avons l’embarras du choix quant aux emplacements de camping. Nous en avons perdu l’habitude. Après avoir choisi un emplacement au camping Azalée nous partons faire une petite randonnée parmi des séquoias géants.
Les arbres ont une taille qui dépasse l’imagination. Les prendre en photo est un défi tellement ils sont hauts. Ces arbres résistent aux feux de forêt. Nous en voyons plusieurs en bonne santé portant des traces de feu sur leurs troncs.
Le feu de forêt que nous avons l’habitude de considérer comme une calamité est en réalité indispensable à la reproduction des séquoias. Il brule tout l’étage bas de la forêt, préparant une terre fertile pour les plantes à venir. En plus, les pommes de sequoia, qui peuvent patienter jusqu’à 20 ans, s’ouvrent sous l’effet de la chaleur du brasier, libérant les graines, qui ont besoin de lumière pour pousser.
Les spécimens adultes résistent bien aux feux de forêt. Sur les coupes de certains arbres abattus jadis, on a dénombré des traces de plus de 80 feux de forêts intervenus durant les 2000 ans environ de leur vie. Pendant quelques années après le feu, les anneaux sont plus épais, probablement grâce à une plus grande disponibilité de nutriments, le feu ayant transformé les concurrents en engrais.
Le sentier passe à l’intérieur d’un tronc de séquoia mort. Même Nicolas avec ses 1m90 n’a pas besoin de baisser la tête. D’après une photo datant du début du 20ème siècle, ce tronc n’a pas changé en 100 ans. A l’époque il a servi à tour de rôle d’abris pour les gens, les chevaux et de lieu pour faire l’école.
Le bois de séquoia, dense riche en tanin, le rend invulnérable aux maladies et aux parasites. Quant à l’écorce dont l’épaisseur peut atteindre 60 cm, elle brule mal et confère à l’arbre une résistance exceptionnelle aux feux de forêt.
Malgré tout les séquoias ne poussent que sur le versant ouest de la Sierra Nevada. Ici l’air chaud remonte le long des flancs de montagne pour refroidir et donner à la terre de l’eau dont les séquoias ont besoin. Plus au nord, il fait trop froid pour eux, et plus au sud trop chaud.
Nous rentrons au camping et faisons un feu de camp. Les enfants sont ravis. Pour s’amuser, ils grimpent sur un tas de rochers à coté de notre emplacement.
Dans tous les campings et les aires de pique-nique des parcs nationaux depuis les Rocheuses Canadiennes, les poubelles sont anti-ours. Sur les places de camping, des armoires anti-ours sont à disposition des campeurs en tente pour y entreposer la nourriture. Des panneaux en plusieurs langues demandent de ne pas laisser de nourriture ni de déchets accessibles aux ours. En effet, 14 ours en moyenne sont abattus chaque année dans les environs du Yellowstone à cause des hommes. Ils prennent l’habitude de se nourrir de déchets et deviennent agressifs. Nous apprenons que pour les ours même les mégots de cigarette et les produits ménagers sentent comme de la nourriture.
17 août
Nous partons en direction de Kings Canyon. La route descend dans une étroite vallée creusée par l’eau après la fonte des glaces.
Le terrain de camping que nous avons repéré est pentu. Nous faisons un tour pour trouver un emplacement suffisamment plat pour le camping-car. De plus, il y a de la place pour les enfants pour jouer. Les voisins viennent nous voir. Quelqu’un de leur famille avait payé cet emplacement pour plusieurs nuits mais a dû partir avant la fin du séjour. Ainsi n’avons ainsi pas à payer l’emplacement pour cette nuit.
Nous partons faire une randonnée au fond du canyon. Le sentier passe dans une forêt des séquoias et de sapins. Ici, les séquoias sont de la même taille que les autres résineux. Ils sont facilement reconnaissables à leur écorce et leur vert, semblable à celui des thuyas.
Nous revenons ensuite au camping et faisons du feu. Marie trouve sur un autre emplacement une grosse buche bien dense, elle arrive à peine à la rouler jusqu’à chez nous.
18 août
Le réveil sonne à 6h15. En sortant nous découvrons que l’énorme buche brule toujours et qu’il en reste une bonne moitié. Nos voisins dont déjà partis, les gens sont matinaux ici !
Vers midi nous arrivons à Séquoia National Park. Il y a beaucoup plus de monde ici qu’à Kings Canyon, les campings affichent complet. Nous partons faire une randonnée vers General Sherman Tree, soi-disant le plus gros arbre au monde par le volume de son tronc.
General Sherman Tree est un séquoia jeune, il n’a « que » 1000 ans, alors que l’on estime à 3000 ans l’âge de certains spécimens. Mais l’emplacement offre des conditions parfaites, notamment en termes d’humidité du terrain. L’environnement favorable a permis au General Sherman d’atteindre sa taille. General Sherman est entouré d’autres séquoias tout aussi majestueux. Sans les panneaux, nous n’aurions pas pu identifier le plus gros arbre parmi ses semblables.
La cime des séquoias géants parait petite par rapport à leur tronc. Il parait néanmoins que ce n’est qu’une impression créée par la grandeur de l’arbre et la conséquence de l’éloignement de la cime. Lorsqu’une branche tombe les hommes se rendent compte de sa taille imposante.
Les séquoias adolescents ont la forme de cônes tels des sapins. Mais au fur et à mesure qu’elles grandissent les branches de dessous tombent, certaines par manque de lumière et d’autres consommées par les feux de forêts successifs.
En rentrant au parking, nous voyons une cerf mulet avec son petit traverser notre sentier et disparaitre derrière les séquoias.
L’après-midi, nous partons faire la randonnée de Tharps Log. Une route secondaire qui mène au départ du sentier passe à travers un séquoia couché. Heureusement pour nous il y a un contournement, notre camping-car est trop haut pour y passer.
Le sentier serpente entre les imposants séquoias géants. Il y a moins de monde que sur la route principale.
Nous arrivons à Tharps Log, un séquoia couché qu’un berger du début de siècle avait aménagé en cabane d’été. Il vivait dedans pour surveiller les brebis en pâturage à côté.
Au début du sentier nous avons des brosses pour nettoyer les semelles. L’objectif est d’enlever les graines de plantes d’ailleurs qui auraient pu s’accrocher aux semelles. Certaines plantes, en l’absence de leurs prédateurs naturels, pourraient prendre la place des espèces indigènes.
Dans pratiquement tous les parcs depuis les Rocheuses, les panneaux demandent de faire attention à ne pas propager accidentellement des espèces invasives, des herbes mais aussi des mollusques.
N’ayant pas trouvé de place au camping, nous descendons dans la vallée pour la nuit, à Three Rivers où nous nous installons sur un parking. Si dans le parc il faisait 25°C, il fait ici 33°C.
19 août
La chaleur nous a empêchés de bien dormir et nous nous levons tôt pour continuer la route. Nous avons choisi de traverser la Sierra Nevada plutôt que de la contourner.
Nous bifurquons sur une route « déconseillée » aux bus. Elle serpente en grimpant sur la colline. Autour de nous, des arbres et de l’herbe brulée par le soleil. Pourtant, il parait que ça n’a pas toujours été ainsi, des documents d’époque mentionnent des prairies vertes en Californie en été. Mais les hommes ont amené des plantes d’ailleurs. Sans prédateurs naturels (les graines de ces plantes par exemple sont trop dures pour la faune) ces herbes ont pris la place des plantes natives.
La route passe par Grand Séquoia National Monument (à ne pas confondre avec Séquoia National Parc, plus au nord). Nous voyons de nouveau des séquoias, pour la dernière fois. Ici ils ont la taille des sapins et impressionnent moins.
Apres avoir passé le col Sherman, à environ 2700 mètres d’altitude, nous arrivons sur un plateau. Il n’est pas complètement plat mais parsemé de petites montagnes rocheuses couvertes de pins. Ici c’est le terrain des motocross, nous voyons de nombreux panneaux indiquant des pistes pour ces motos.
En début d’après-midi nous arrivons dans un camping en pleine forêt de pins. Après-midi repos pour certains, et école pour d’autres. Justine en profite pour prendre sa première douche toute seule.
Nous sommes en altitude et la température reste modérée à 25°C, ça nous fait du bien.
En fin d’après-midi, nous voyons passer dans le camping les motos cross rentrant de promenade. Ce sont des motos petites et légères, leurs propriétaires les ont transportées jusqu’ici dans des coffres de pickups ou accrochées derrière les camping-cars.
Le soir, un beau feu de camp ravit petits et grands.
20 août
Nous décidons de rester la matinée dans le camping pour profiter de la fraicheur. Notre prochaine étape sera la Vallée de la mort. Nicolas a vérifié la météo, il devrait faire entre 29° et 33°. Cela nous parait étonnant pour le mois d’août.
Clara fait connaissance avec deux filles de l’emplacement voisin, 7 et 9 ans. Les filles se mettent à jouer, et Justine et Stella les rejoignent. Clara commence à se débrouiller un peu en anglais. Sans engager de grandes conversations, elle arrive à saisir le sens des phrases et à se faire comprendre suffisamment pour jouer.
Nous nous mettons en route en début d’après-midi et descendons vers la vallée à l’est de la Sierra Nevada. Sur les pentes des montagnes les pins laissent la place à de drôles de plantes, les enfants les baptisent « Mi-arbre mi cactus ». Nous apprendrons plus tard qu’il s’agit de yuccas et de Joshua trees.
Nous roulons dans la vallée désertique, il fait 40°. Contre toute attente, la terre est couverte de petits bosquets verts qui arrivent à pousser ici. Le paysage laisse une impression moins désolante que les prairies de l’ouest de Californie avec ses herbes brulées.
Nous aimerions faire quelques courses mais à part les stations essence il n’y a rien.
Nous entrons dans le parc national de la Vallée de la Mort. Au fur et à mesure que nous avançons vers la vallée, le thermomètre grimpe. Il montera localement jusqu’à 48° en fin de la journée, et il a fait le plus souvent 46°C. Nous n’avons aucune envie de sortir faire des randonnées au grand dam de Maxime.
Il y a peu de monde dans le parc, mais nous avons vu pas mal de différentes voitures camouflées qui faisaient des essais, probablement des nouveaux modèles.
Nous allons jusqu’à Badwater, le point le plus bas de la vallée à 88 mètres sous le niveau
de la mer. C’est un lac salé, sec la plupart du temps. Le sol est recouvert de sel sur lequel nous marchons. Nous sortons quand même pour faire une petite promenade alors que le soleil se cache derrière les montagnes. Un vent chaud rend la température plus supportable, bien que sans fraicheur. Stella qui tient la main de Nicolas pour marcher, lui promet de le tenir si jamais il tombe.
Au retour nous passons par Artists Drive. La route passe entre les montagnes de toutes les couleurs.
Il n’y a personne dans les campings et pour cause. Nous ne nous sentons pas assez résistants à la chaleur pour passer la nuit ici et sortons de la vallée pour passer la nuit à Death Valley Junction, où nous arrivons à la nuit tombée.
21 août
En nous levant le matin nous découvrons un ciel couvert. C’est consternant car à partir de 9h10 il devrait être possible de voir une éclipse partielle du soleil. Heureusement, le temps de prendre le petit-déjeuner les nuages partent et nous pouvons regarder comment la lune masque le soleil petit à petit.
Vers 10h30 c’est le maximum de l’éclipse et nous nous mettons en route. Les passagers continuent de temps en temps à jeter un coup d’œil sur le soleil en train de se dégager. Le reste du temps nous admirons les montagnes du coté de la Vallée de la Mort. Clara aura trouvé que c’est plus intéressant au début et à la fin de l’éclipse, sinon le soleil ressemble au croissant de Lune.
Nous nous arrêtons pour déjeuner à Baker. C’est une petite localité au bord de l’autoroute. Il y a une école, de nombreuses stations essence et des fast-foods, mais… pas de magasin. Nicolas a réussi à trouver du lait dans une station service, mais pas de pain.
Nous arrivons dans le désert de Mojave (Mojave National Preserve). Le visitor center est fermé, et pas de documentation à disposition. Nous avançons en nous laissant guider par une photo du plan du site, l’atlas routier et le guide Lonely Planet, qui s’avère précieux dans ce cas.
Lors d’une randonnée en direction des dunes, nous voyons plusieurs lézards couleur sable.
Nous trouvons un bivouac à l’ombre de quelques arbres (une rareté ici) pour passer la nuit, au pied des dunes. En effet, Mojave National Preserve autorise les visiteurs à passer la nuit dans certains endroits en dehors des campings. Nous sommes à 4 miles de la route peu passante, au bout d’une (bonne) piste, seuls en plein désert.
Les enfants jouent sur l’arbre aux « enfants perdus dans la foret ». A la proposition de jouer plutôt aux enfants perdus dans le désert Justine répond « Pas question ! ». Plus tard, elle vient demander ce qu’il faut faire lorsqu’il n’y a plus de nourriture. La proposition de faire la chasse et la cueillette la rend perplexe.
Le soir un magnifique ciel étoilé traversé par la Voie Lactée s’étend au-dessus du désert. Les grands partent admirer le ciel pendant que les petits dorment, ou font semblant.
22 août
A notre réveil, l’arbre est couvert d’abeilles qui butinent ses fleurs, au plus grand dam des enfants. Ils ne peuvent pas continuer leur jeu dans l’arbre.
Stella se plaint de ne pas avoir dormi car elle « était dérangée par les voitures », loin de toute route, en plein désert !
Clara avoue avoir eu peur lorsque les parents sont sortis se promener hier soir. Elle dit que dans les campings ce n’est pas pareil car les parents « sont près du feu », alors qu’ici elle ne savait pas où étaient les adultes. Quand à Justine, elle affirme de ne pas avoir eu peur d’être abandonnée. « Vous nous aimez bien. Et puis si vous étiez partis, ni vous ni nous ne pourraient continuer à voyager. »
Nous partons vers le sud pour aller à Hall-in-the-Wall information center, toujours dans le désert de Mojave. Nous trouvons la carte, le descriptif des parcours et les livrets pour les enfants.
D’après la documentation du parc :
- Chaque année, plus de 400 000 bénévoles travaillent dans des parcs des Etats-Unis.
- Environ la moitié de l’électricité des Etats-Unis est produit par les centrales à charbon.
L’après-midi nous allons sur le sentier Ring Loop Trail. Il fait 33°, mais le vent aidant nous trouvons la température supportable. Nous avons quand même amené 4 litres d’eau pour une randonnée de 2 km.
Le sentier fait le tour des montagnes pour terminer dans un très étroit canyon où nous devons monter en tenant des anneaux prévus pour, accrochés aux parois. Les enfants sont enchantés de « faire de l’escalade ».
En fin d’après-midi nous nous aventurons sur une route non revêtue signalée comme praticable par les véhicules à 2 roues motrices pour revenir dans la partie Nord du désert de Mojave en évitant un détour de 80 miles. Un ranger nous avait également confirmé le matin même que cette piste ne présentait pas de problème pour notre véhicule. En route, nous voyons plusieurs lièvres à longues oreilles.
Nous n’avons pas rencontré une seule voiture en 1,5 heure. En revanche nous avons longé la voie ferrée et Maxime a compté 49 wagons citernes au train qui passait par là, et qui avait également d’autres wagons que des citernes.
Notre bivouac pour cette nuit, dans le désert de Mojave, est cerné par les Joshua Trees.
Le ciel est aussi beau que la veille. Au loin nous voyons les lumières de Las Vegas, à 100 km de là, illuminer le ciel.
23 août
Anniversaire de Clara. Joyeux anniversaire ! 9 ans déjà.
Nous partons faire une petite randonnée sur un sentier parmi les Joshua trees. Nous n’avons pas fait 100 mètres que Maxime fait demi-tour et s’enfuit vers le camping-car en hurlant, immédiatement suivi par les 3 autres enfants. Un serpent de belle taille se trouvait au milieu du passage et Maxime marchait en tête… Lorsque Maxime l’a aperçu, le serpent était enroulé sur le chemin et avait levé la tête d’un air menaçant. Nous comprendrons plus tard qu’il s’agissait d’un peu commode serpent à sonnette.
Les adultes reculent, le serpent se refugie au bord du sentier, près d’une pierre, bien décidé à ne pas nous laisser passer. De là, il essaie de nous intimider en faisant du bruit avec le bout de sa queue. Nous le voyons bouger. Le serpent garde la tête levée. Les enfants reviennent petit à petit en surmontant leur peur.
Nous faisons un large détour hors du sentier pour contourner le serpent et continuons la randonnée. C’est une forêt comme nous n’en avions jamais vu.
Nous poursuivons ensuite notre route vers Las Vegas où nous faisons les courses puis la lessive.
Le soir, Clara souffle ses 9 bougies.
Nous partons dormir plus près du centre de Las-Vegas, sur le Strip (artère principale), en face de la tour Stratosphere. Cette tour propose aux touristes de sauter depuis la plate-forme située à son sommet, attachés évidement. Nous sommes aux premières loges pour les regarder.