22 juillet – suite
Arrivés à la frontière, nous commençons par attendre une trentaine de minutes dans une file de voitures, comme au péage un jour de grand départ. Au poste frontière, notre véhicule passe devant une multitude de caméras (nous en avons compté 7) et divers capteurs. L’avant du véhicule est pris en photo, ça fait un flash comme un radar. La plupart des véhicules, vraisemblablement les canadiens et les américains, ont l’autorisation de passer après avoir montré leurs documents. Nous sommes un cas plus compliqué…. Après être allée à l’avant et à l’arrière du véhicule voir les plaques d’immatriculation (à quoi servent les caméras ?) la douanière nous demande d’où on vient et pose quelques questions pour s’assurer de nos intentions, comme où est notre maison et qui s’en occupe en notre absence. Elle ne sait pas quoi faire et passe un coup de file pour se renseigner. Nous sommes finalement dirigés vers la zone d’inspection complémentaire avec un vague post-it qu’elle colle sur nos passeports.
Nous descendons du véhicule et nous nous mettons dans la bien longue file d’attente, qui avance doucement. Nous avons mal choisi notre heure, il n’y a pas grand monde après nous dans la queue. Nous arrivons enfin au guichet. Le douanier pose de nouveau des questions, peu finalement, comme le but de notre voyage et notre destination. Quand il réalise que nous voyageons dans un véhicule français, il semble convaincu que notre intention n’est pas d’émigrer et tamponne nos passeports après nous avoir fait patiemment remplir 6 formulaires, soit un par personne. Il nous oriente ensuite vers le contrôle sanitaire car nous avons des vivres dans notre véhicule. Après avoir de nouveau longuement patienté, une autre personne inspecte nos vivres. Notre présence n’est pas autorisée pendant l’inspection, on ne nous demande pas ce qu’on a ni où c’est rangé dans le véhicule, l’inspection en elle-même est rapide et finalement nous pouvons tout garder. Nous n’avons pas trop compris ces contrôles sanitaires car avant le contrôle, on nous donne un dépliant qui explique que chaque état américain a ses propres règles de ce qui peut passer la frontière ou pas, mais ensuite tout peut passer entre chaque état…
Après avoir réglé 6 dollars par personne, nous sommes admis sur le territoire américain.
Le processus nous a tout de même pris 3 heures.
Le temps d’arriver à Seattle, il est déjà plus de 19 heures. Nous nous garons sur le parking à coté du zoo, dans le quartier où habitent Kathy et Marek, les amis auxquels nous rendons visite.
23 juillet
Kathy et Marek nous retrouvent au camping car et nous amènent découvrir leur ville. Nous partons en bus, les enfants sont enchantés.
Kathy et Marek nous invitent pour déjeuner à Space Needle. Cette tour, construite à l’occasion de l’Exposition Universelle de 1962, est le symbole de la ville, un peu comme la tour Eiffel pour Paris. Le restaurant est au sommet de la tour et tourne lentement. Ca nous permet d’apprécier la beauté de Seattle et des environs par un temps magnifique et une visibilité parfaite.
Nous voyons passer des hydravions à notre hauteur et atterrir dans le lac de Seattle. Pour le dessert, les enfants auront une glace spéciale qui dégage de la fumée.
Ensuite nous faisons un tour dans le quartier très animé, avec des artistes dans la rue.
L’après-midi, nous faisons un tour dans la ville. Sur le port, des bateaux de croisière partent à destination de l’Alaska. Le soir, nous mangeons dans un restaurant chinois.
Il est temps de dire au revoir à Kathy et Marek. On aimerait bien les revoir, et aimerait qu’un jour ils viennent nous voir en Europe.
Le soir, nous revenons dormir au même endroit que la veille.
24 juillet
Nous partons vers l’est en direction du barrage de Grand Coulée, halte sur notre route en direction de Glacier National Park.
Nous prenons une route secondaire qui traverse un massif rocheux d’une grande beauté, pour monter et arriver sur un plateau aride. Si à Seattle il pleut beaucoup, les montagnes font barrage aux nuages. Le plateau aride est couvert de champs cultivés, mais l’agriculture ici se fait uniquement grâce à l’arrosage. Chaque morceau de terre non arrosé est désertique.
Avant d’arriver au barrage, nous longeons un énorme lac artificiel, Banks lake, créé au fond d’un canyon. Les paysages sont beaux à couper le souffle, pourtant cette route n’est pas mentionnée dans les guides et ne fait partie d’aucun circuit suggéré. Heureusement que nous avons 3 mois pour découvrir l’Ouest Américain, ce pays doit regorger de merveilles !
La construction du barrage de Grand Coulée a débuté en 1933 et s’inscrivait dans le cadre du New Deal, le programme de grands travaux lancés par le président Roosevelt après la Grande Dépression. A cette époque, le chômage atteignait 25%. Ce barrage a été construit pour l’irrigation des plaines environnantes, la maitrise des crues et la production d’électricité. Avant, rien ne poussait ici. Ce barrage retient un lac gigantesque de 220 km de long, le Franklin D. Roosevelt lake, s’étendant jusque la frontière canadienne. Ce lac contient 8 milliards de mètres-cubes d’eau. La puissance de production d’électricité de ce barrage a ensuite été renforcée et atteint aujourd’hui la valeur colossale de 6800 MW.
Film sur la construction du barrage
Vers 20 heures, nous arrivons sur le parking du visitor center du barrage. Il y a une exposition sur le barrage et de petites expériences amusantes pour les enfants, dont une turbine miniature actionnée par un robinet d’eau, qui permet d’allumer une lampe. La pelouse est arrosée, et une biche vient brouter l’herbe verte à coté du parking. A la tombée de la nuit, nous assistons à un spectacle laser projeté sur le barrage. Le spectacle retrace l’histoire de la création de ce bel ouvrage.
Nous allons dormir dans la ville à coté du barrage, devant une aire de jeux.
25 juillet
La journée commence par la visite du barrage de Grand Coulée. Avant le 11 septembre 2001, le barrage se visitait librement. Mais depuis, vu l’importance de cet édifice, un contrôle de sécurité aussi strict que dans les avions a été instauré.
Nous rencontrons à cette occasion un couple d’allemands avec leurs 3 enfants, dont un bébé de 4 mois. Ils viennent d’entamer à Seattle un voyage de 6 semaines dans l’Ouest Américain. Ils ont loué un monospace et dorment dans des campings sous la tente.
Pour le déjeuner, nous retournons à l’endroit où nous avons passé la nuit, doté du wifi. Pendant que les enfants jouent à l’aire de jeux, nous mettons à jour le site internet avec le dernier épisode du voyage au Canada. Il fait 35°C.
Nous nous mettons en route, et vers 17 heures nous arrivons à Sandpoint, au bord du lac Pend Oreille.
C’est un joli village très touristique, il n’est pas autorisé de passer la nuit près de la plage. Après avoir repéré un endroit dans la ville pour passer la nuit, nous retournons à la plage. Les enfants sont ravis.
Clara et Maxime jouent dans l’eau avec un jeune canadien de Calgary qui passe une semaine de vacances ici. Son papa a fait un voyage de 3 semaines en Europe dans sa jeunesse. Nous dinons, toujours près de la plage, puis bougeons après le diner jusqu’à l’endroit préalablement repéré pour passer la nuit. En l’espace de 10 minutes, 2 personnes viennent à nous, intriguées par notre véhicule et son immatriculation…
26 juillet
Nous avons bien l’intention d’arriver aujourd’hui dans les Rocheuses américaines, mais il faut d’abord trouver une aire de services pour camping-cars. La première tentative fait un flop, la route menant à l’aire de services étant barrée. La seconde tentative sur notre parcours sera la bonne : vers midi nous arrivons à une aire de services près d’un parc avec des tables de pique-nique et une aire de jeux. A 13 heures a lieu un spectacle de magie organisé par la bibliothèque municipale. Les enfants avalent à la hâte leur déjeuner puis courent assister au spectacle.
Le soir nous arrivons à Columbia Falls, dernière ville de taille moyenne avant le Glacier National Park. Comme au Canada, les Rocheuses s’élèvent tout à coup sur une plaine. Nous nous arrêtons pour dormir près de l’école. Les enfants ont une aire de jeux à leur disposition, mais ont du mal à en profiter tellement il fait chaud.
27 juillet
Après 25 minutes de route, nous arrivons au Glacier National Park. Nous commençons par acheter un forfait annuel, valable de date à date dans tous les parcs nationaux américains, ce qui nous convient bien. Il y a beaucoup de monde au Glacier National Park.
Le centre d‘information nous conseille des randonnées. Nous cherchons évidemment des randonnées avec possibilité d’observer des animaux. Hidden Lake, la plus prometteuse, part du col Logan, situé sur la Going-to-the-sun road qui traverse le parc. On nous prévient que la fin du sentier est fermée car les ours chassent les truites dans la rivière. Ca nous convient, car la longueur totale du tronçon ouvert (environ 4,5 km aller-retour) correspond aux capacités des enfants.
Comme le barrage de Grand Coulée, la Going-to-the-sun road a été construite dans le cadre du New Deal, après la Grande Dépression, dans les années 30.
Cette route de montagne est ouverte sur toute sa longueur aux véhicules mesurant jusque 21 pieds de long. Notre camping-car mesurant entre 22 et 23 pieds, une section de la route nous est interdite, et c’est justement là où nous souhaitions aller. Un service gratuit de navette permettra de nous y rendre le lendemain.
Dans l’après-midi, nous faisons une randonnée de 3,6 km environ. Tout le monde marche avec le sourire, même Stella qui n’a pas fait de sieste et qui comme tout le monde a eu du mal à s’endormir la veille en raison de la chaleur.
Ensuite, les enfants se baignent dans le lac McDonald, même si l’eau est un peu fraiche.
Les campings sont tous complets et nous descendons pour la nuit dans un petit village au bord du parc national. Nous stationnons près de l’église, et malheureusement aussi près du chemin de fer, même si nous ne le voyons pas.
Ni au Canada ni aux Etats-Unis, nous n’avons vu de train de passagers. Pourtant il doit y en avoir car nous avons rencontré des gens qui en ont pris. En revanche, les trains de marchandises sont nombreux et leur longueur dépasse ce que nous aurions pu imaginer en Europe.
Malheureusement pour nous, les trains de marchandise klaxonnent abondamment en passant à proximité de notre lieu de stationnement. Durant la nuit, nous en entendrons passer au moins 6…
28 juillet
Réveil à 5h40 pour prendre à 7h la première navette qui nous amènera à Logan Pass. C’est à plus de 2 000 m d’altitude, le lieu le plus élevé de la Going-to-the-Sun road et lieu de départ de notre randonnée.
Tout a bien fonctionné, et nous voila dans la navette de 15 personnes. La route qui serpente sur un flanc de montagne abrupt est magnifique.
Nous arrivons au départ de la randonnée. Il est environ 8h30 et le parking est déjà presque rempli. Les gens sont matinaux ici.
Nous commençons la montée. Le chemin est assez fréquenté. D’abord nous voyons une marmotte en train de manger des fleurs juste à coté du chemin. Nous en verrons aussi d’autres plus éloignées sur la suite du sentier. Il y a également de nombreux écureuils terrestres. Plus haut, nous voyons des chèvres de montagne sauvages, blanche comme la neige. Pendant le temps que nous observons au loin 3 chèvres, une autre vient près du sentier et le traverse à 10 mètres de nous. Elle s‘arrête ensuite pour brouter à 20 mètres du chemin sans faire attention aux passants, nous pouvons l’observer à loisir. Elle est belle avec sa fourrure blanche.
Nous arrivons au bout du parcours. Les marcheurs s’arrêtent ici, avec vue sur Hidden Lake dans la vallée voisine, pour le pique-nique dont les miettes attirent les rongeurs. Nous voyons des écureuils, pour la première fois depuis que nous sommes aux Etats-Unis. Nous nous sommes habitués à ces petites bêtes.
Plus loin nous croiserons d’autres chèvres, dont une avec une balise sur le collier autour de cou, avec une antenne. « On dirait qu’elle a trois cornes ! » s’exclame Maxime. Une dame ranger bénévole que nous croisons en chemin donne aux enfants des petites cartes avec une chèvre de montagne en photo.
Sur le chemin du retour nous voyons plus de fleurs que le matin, et un ours noir mais très loin de nous.
Nous redescendons vers le centre d’information pour le déjeuner puis nous passons au camping à côté pour vidanger et faire le plein d’eau. Nous voyons deux couples de mennonites. « Maman, ils n’ont pas besoin de se déguiser pour aller au bal médiéval, » me fait remarquer Clara. « Maman, ça sert à quoi de s’habiller comme ça si c’est pour venir en camping-car et avoir une gourde rose fluo ? »
Après les courses, nous nous mettons en route vers le parc de Yellowstone. Les distances ici sont grandes, nous avons 7h30 heures de route pour y arriver. Nous nous arrêtons pour la nuit dans le petit village de Bigforks, situé au bord d’un lac, avec un joli centre-ville. Nous nous garons devant l’aire de jeux de l’école.
Les enfants courent vers l’aire de jeux, mais il fait trop chaud. Ils se mettent à faire des dessins à la craie à l’ombre d’un bâtiment.
Nous avons accès au Wifi de l’école. En nous y connectant, nous tombons sur la page d’accueil de l’école. Ainsi Nicolas a appris que les déjeuners des enfants à la cantine coûtent 2,25 USD et les petits-déjeuners 1,25 USD. Il semble également que l’école reprenne la semaine prochaine pour l’année scolaire 2017/2018. Si c’est le cas dans tous les états, nous aurons plus de mal à trouver des endroits pour dormir.
29 juillet
Nicolas est réveillé vers 2h30 heures du matin par un gros et drôle de bruit, comme des cailloux qui rouleraient. Après que le phénomène se soit répété 3 à 4 fois, il finit par comprendre que c’est le gros jet de l‘arrosage automatique du terrain de l’école qui s’est mis en route et vient balayer toute la face latérale droite du camping-car. Nous nous déplaçons au milieu du parking, aussi loin que possible de la pelouse…
Après le réveil nous passons à la laverie. Ensuite, nous reprenons la route. Nous longeons un grand lac, et espérons trouver une plage pour que les enfants puissent se baigner. Il n’en est rien, c’est un endroit montagneux et les endroits où il serait possible de se baigner sont privés. Mais il y a de nombreux vergers de cerisiers, nous nous arrêtons pour en acheter à une cabane au bord de la route.
Après le lac, le paysage devient désertique. Tout est sec, on se demande comment les arbres font pour pousser sur les flancs des collines environnantes. Nous traversons un territoire amérindien. Les panneaux sont doublés en langue autochtone. Nous voyons un tipi et 3 bisons courir sur une colline.
Nous rejoignons ensuite une autoroute, limitation de vitesse à environ 130 km/h (80 miles), une première, d’habitude c’est plutôt autour de 110. A un moment, nous doublons un pick-up transportant sur son plateau un bouquetin vivant, debout, avec des cornes, ainsi qu’un gros chien noir. « Maman c’est dangereux, ils peuvent sauter » dit Justine. « Et en en plus, le chien peut manger la biquette, » rajoute Stella.
Il n’y a presque pas d’habitations, ce n’est pas étonnant tellement tout est désertique. Dehors il fait 36 degrés.
Pour la nuit nous nous arrêtons à Butte, une vraie ville. Le smartphone indique que nous sommes à plus de 1700 m d’altitude. Nous n’avions pas l’impression de monter si haut. Il fait encore 33°. Nous avons de la chance de trouver une place à l’ombre.
Non loin de nous est garé un autre camping car dont les occupants ne nous inspirent pas confiance. Il y a des allers-venues de voitures, nous ne comprenons pas bien de quoi il s’agit. A 21h30 nous déménageons sur le parking du Walmart de la ville. Les enfants, dont la chaleur empêche de s’endormir, sont enchantés de rouler la nuit.