Canada

1 juillet

Fête nationale du Canada, qui cette année fête aussi ses 150 ans d’indépendance. Jour férié.

Nous avons passé la nuit près d’un parc, et le matin nous voyons des écureuils s’affairer près du camping-car. Nous commençons la journée par passer à une station de vidange pour vider les eaux sales et faire le plein d’eau propre. Pendant cette opération, un couple qui promène le chien nous aborde car notre camping-car leur plait (cela nous arrive tous les jours…), ils veulent avoir des précisions sur ce que c’est exactement… Déçus par le fait que ce ne soit pas importé au Canada, nous discutons tout de même un bon quart d’heure. Ils passent régulièrement leurs vacances en France, notamment en Corse.

Nous décidons de rouler toute la journée pour atteindre Winnipeg : 720 km, 8h30 sans les pauses. Même si nous ne quittons Thunder Bay que vers 11H, nous pensons y être à temps pour voir le feu d’artifice. Nous sommes aidés en cela par son horaire tardif et par un changement de fuseau horaire en cours de route. Il faut reculer la montre d’une heure. Maintenant 7 heures de décalage avec la France.

La route est bordée de collines rocheuses couvertes de forêts de pins et de bouleaux, avec de nombreux lacs. A un endroit, nous voyons un ours noir mort à coté de la route, probablement victime d’une collision avec un véhicule. Il nous parait relativement petit.

Nicolas apprécie de conduire le week-end car il y a nettement moins de camions. Si en France ils nous ralentissent, ici les camions nous poussent et nous doublent.

Sur notre trajet, nous quittons l’Ontario pour l’état du Manitoba. Le paysage change. Nous sommes maintenant sur une plaine parfaitement plate avec des champs à perte de vue. La route nationale devient 2×2 voies, mais pas autoroute : il y a des routes qui croisent, des passages à niveaux, des feux rouges parfois, on peut tourner à gauche, il n’y a pas de bretelles d’entrée ni de sortie.

La route est droite. Nous doublons un train, tellement long que nous ne voyons pas l’autre bout. Beaucoup de trains transportent des containers sur 2 niveaux (2 container empilés l’un sur l’autre). Par ailleurs, le transport des marchandises par train semble très développé, nous en voyons beaucoup.

Stella nous fait remarquer que « nous avons fait à peu près beaucoup de km »

Le GPS nous guide vers l’endroit du feu d’artifice. Nicolas se demande si l’on va trouver un endroit pour dormir car il risque d’y avoir du monde autour. Arrivés sur place vers 20 heures, nous découvrons un grand espace vert à l’écart de la ville avec des terrains de sport et un grand parking vide. Il n’y a pas de signe de feu d’artifice.

Nous partons pour faire le plein de gazole et manger en se demandant si le feu d’artifice est bien prévu ici. Au retour vers 22 heures, nous nous retrouvons dans une file ininterrompue de voitures.

Le feu d’artifice ravit les petits et les grands. Nous nous demandons si nous allons rester pour la nuit au stade. Mais un portail et la présence d’une chaine avec cadenas sur ce portail nous fait craindre d’être enfermés. Finalement, nous nous déplaçons au plus simple, vers le parking du WalMart le plus proche où nous arrivons vers minuit.

2 juillet

Le matin en ouvrant les rideaux nous découvrons une personne en train de prendre notre camping car en photo. C’est un polonais qui a émigré au Canada il y a trente ans et passait par là en vélo pour aller acheter du pain. Il explique à Nicolas qu’il aime bien notre camping car et nous montre sur sa tablette des photos de son van.

Nous visitons le musée Winnipeg Art Gallery ainsi que le quartier du fork où nous déjeunons au marché couvert. Rentrés au camping-car, nous voyons un PV dans l’essuie-glace, or nous avions fait très attention à la signalisation et pensions être bien stationnés. A y regarder de plus près, ce n’est pas un PV mais un avertissement, ou plutôt un PV indiquant zéro dollar avec la mention avertissement car nous étions stationnés à moins de 3 mètres d’une borne à incendie, ce qui ne semble pas autorisé.

    

 

Nous nous remettons en route vers l’ouest vers 15h30 pour 2h30 de route jusque Brandon, où nous dénichons comme souvent un endroit adéquat avec aire de jeux pour nous y garer pour la nuit.

Vers 21h30, un agent de sécurité frappe à la vitre du camping-car pour nous parler. Il nous demande si nous avons l’intention de rester pour la nuit, et nous dit que ce n’est pas possible, nous devons partir. Pourtant aucun panneau n’indique No Overnight, comme c’est parfois le cas. Nous nous déplaçons de 500 mètres, sans lever les enfants, déjà couchés, et nous nous échouons, comme nous n’avons pas envie de chercher… sur le parking de Walmart sur lequel nous sommes très loin d’être seuls.

Après 38 stationnements nocturnes libres sans souci depuis notre arrivée, le 39ème a foiré. Pas si grave, le plan B n’a pas été compliqué.

3 juillet

Départ vers 6h50, à peine levés, en direction d’une laverie non loin de là, en centre-ville, après nous être renseignés la veille auprès d’une locale. Nous lançons trois machines en simultanée puis prenons le petit-déj dans le camping-car garé devant la laverie. Nous lançons le séchage puis douche pendant ce temps là… Notre organisation s’améliore ! Il faut dire que l’on aimerait avancer un maximum aujourd’hui, alors qu’il nous reste 980 km pour achever notre transcanadienne.

Seulement le sort en a décidé autrement. Alors que nous nous trouvons sur le périph de Regina et roulons pas très vite au sortir d’une zone de travaux, une explosion retentit à l’avant de notre véhicule. Nous nous arrêtons sur le bas-côté, pensant dans un premier temps à un pneu éclaté. Tous les pneus sont en fait OK mais le véhicule fait beaucoup de bruit, comme si nous avions perdu le pot d’échappement. Nous repartons et constatons qu’un voyant orange est allumé au tableau de bord et que le moteur n’a plus du tout de pêche. Nous avons du mal à atteindre les 50 km/h.

Nous prenons la première sortie, nous arrêtons sur un parking pour chercher sur internet le concessionnaire RAM le plus proche, notre porteur FIAT Ducato ayant sur place un clone nommé Promaster, fabriqué au Mexique et vendu sous la marque RAM, appartenant à Chrysler. Nous en trouvons un à 7 km (ça aurait pu être plusieurs centaines de kilomètres si c’était arrivé ailleurs…) et nous nous y rendons en ce lundi en milieu d’après-midi. Une fois sur place, tout est fermé… en raison de la fête nationale qui avait eu lieu 2 jours avant… Ils rouvrent le lendemain, mardi matin.

Nous restons à Regina jusqu’au lendemain, nous déplaçons jusqu’à un parc. Pendant ce temps, Nicolas regarde dans le moteur et trouve l’origine de la panne : durite d’admission du turbo déboitée.

Lors de notre trajet écourté du jour, nous avons quitté l’état du Manitoba pour entrer au Saskatchewan.

Nous revenons passer la nuit sur le parking du garage pour être présent demain à l’ouverture.

4 juillet

Levés tôt pour être à l’ouverture du garage à 7h30.

A 7h30 devant la porte, personne, rien ne bouge. Nous attendons une dizaine de minutes en vain puis retournons au camping-car. Vers 7h50, une autre personne arrive et dépose quelque-chose dans la boite aux lettres. Il nous dit que ça ouvre dans 40 minutes. Nous demandons alors quelle heure il est et il nous indique qu’il est 6h50 ! Nous avons loupé un fuseau horaire !!

Nous reculons donc nos montres d’une heure et nous revenons à 7h30, heure locale, à l’accueil du garage qui cette fois ouvre bien.

Une personne antipathique à l’accueil nous dit qu’ils ne touchent pas à un Fiat et nous envoie un kilomètre plus loin chez un concessionnaire qui fait Fiat, même si en réalité il semble ne faire dans la gamme Fiat que les Fiat 500, mais passons, il a effectivement une enseigne Fiat sur sa devanture. Nous déplaçons péniblement le véhicule. Si on arrivait à atteindre les 50 km/h la veille avec le moteur chaud, c’est aujourd’hui une autre histoire avec le moteur froid. Nous n’atteignons plus les 10 km/h et c’est en première avec les feux de détresse allumés, plein de secousses, de pétarades, une forte odeur de gaz d’échappement dans le véhicule, et après que le moteur se soit coupé une fois durant le trajet, que nous atteignons cet autre garage où l’accueil est bien meilleur.

On nous fait tout de suite entrer le véhicule dans l’atelier, ce qui cause tout de même une sueur froide quant à la hauteur de la porte d’accès, non indiquée, où il ne reste que 3 à 4 cm libres en hauteur au dessus du véhicule, il est immédiatement examiné bien qu’arrivant à l’improviste, bien-sûr sans rendez-vous. On propose de nous conduire en ville le temps de l’opération. Nous préférons rester sur place le temps d’avoir un délai de réparation. On nous tient informés de la situation, ils font venir une pièce (on se demande d’où tellement ça a été rapide) et nous indiquent que tout devrait être fini dans la matinée. Du coup nous restons sur place.

Nous avons à disposition une machine à café gratuite, de l’eau, des toilettes, un espace jeux équipé pour les enfants, le wifi (mais leur accès à internet était malencontreusement HS ce matin là), des tables et chaises, des prises de courant pour l’ordinateur. Ils donnent aux enfants des feuilles et stylos pour dessiner, leur offrent à chacun une lampe de poche. Et au moment du départ, encore un énorme puzzle de plusieurs centaines de pièce dans une magnifique boite métallique publicitaire Chrysler offert aux enfants !

2h30 plus tard, c’est terminé, la durite a été refixée, le turbo contrôlé pour voir s’il n’avait pas été endommagé par l’incident, le défaut effacé dans le calculateur pour que le voyant orange s’éteigne et que le message et le bip d’alerte de l’ordinateur de bord cesse.

Merci au concessionnaire Triple Seven Chrysler de Regina pour son accueil, sa réactivité et son professionnalisme.

Nous avons tout même eu à régler la facture, pas très cher, car la zone géographique de prise en charge de la garantie est limitée à l’Europe. Fiat France devrait néanmoins nous la rembourser, c’est ce qui nous a été indiqué par ce garage et aussi ce que nous avions lu dans le livret de garantie.

Après des courses rapides et le déjeuner, nous reprenons la route pour une longue après-midi au cours de laquelle nous abattons les 620 derniers kilomètres de notre grande traversée du Canada.

La réparation a tenu, tout refonctionne comme avant. Pourvu que ça dure…

Nous avons quitté l’état du Saskatchewan pour entrer en Alberta.

Nous avons notamment pu observer depuis la route de nombreux puits de pétrole, des lacs salés où le sel est exploité, toujours ces nombreux et fascinants trains de marchandise, d‘une longueur qui n’en finit pas et d’une grande variété dans leur chargement.

Nous restons encore quelques semaines au Canada et allons reprendre le rythme qui avait été le nôtre avant cette traversée. Nous allons explorer différents centres d’intérêt de l’ouest canadien, avec des trajets en saut de puce entre ces centres d’intérêt.

Des sources concordantes nous avaient prédit une traversée monotone et lassante. Nous n’avons pas eu cette impression malgré les plusieurs milliers de kilomètres. Nous avons trouvé les paysages et les routes variés, la lassitude ne nous a pas gagnés. En plus l’école a bien avancé car nous avons fait plus de 2 heures par jour durant ces trajets.

Nous nous arrêtons pour la nuit en pleine campagne, mais étonnamment à côté d’une aire de jeux.

5 juillet

Aujourd’hui, nous allons visiter la vallée des dinosaures. Nous avons beau être à 10 km, nous ne voyons que des champs autours de nous. Avant, c’étaient des steppes sur lesquelles voyageaient des troupeaux de bisons. En 1860, un explorateur a caractérisé le paysage comme « ne pouvant jamais être habité par un colon. En effet, la température monte à 40° en été pour descendre à -40° en hiver. Les Rocheuses à l’ouest bloquent l’arrivée de l’air humide du Pacifique. Sans être un désert, c’est un milieu extrême pour la flore et la faune, les arbres n’y poussent pas. Mais aujourd’hui ces prairies ont été transformées en champs, grâce notamment à l’irrigation.

Brusquement nous arrivons en face d’un canyon creusé par l’eau dans ce paysage. C’est grandiose. Il y a des arbres au fond du canyon près de la rivière. Mais il suffit de s’écarter un peu de la rivière pour que la végétation change pour rappeler un désert.

La Vallée des Dinosaures se trouve au fond du canyon. Elle s’appelle ainsi car on y a retrouvé les restes de centaines de dinosaures sur une petite surface, 23 km2. Plus de 300 squelettes de dinosaures originaires d’ici sont aujourd’hui exposés dans des musées à travers le monde entier. Il y a 75 millions d’années c’était une forêt tropicale à 100 km de la mer. Les minéraux ont pénétré la matière poreuse des os, qui ont adopté l’aspect de pierre. Il ya 14 000 ans, à la fin de la période glaciaire, l’eau des glaciers a creusé un canyon en fondant, faisant apparaitre ces trésors d’archéologie.

Nous faisons quelques promenades dans ce parc. Les visiteurs sont priés de rester sur les sentiers et de tenir les animaux en laisse, pour préserver le milieu fragile. Mais de nombreux canadiens ne suivent pas les recommandations et vont se promener là où bon leur semble avec les chiens en liberté.

Le soir, après avoir fait le plein d’eau nous partons en direction de Drumheller. Nous nous arrêtons dans le petit village de Duchess. Les enfants jouent à l’aire de jeux.

Il y a une église mennonite à coté de l’aire de jeux. Heureusement qu’il y a un panneau, sinon nous ne l’aurions pas reconnue comme telle.

Les mennonites sont des chrétiens. Ils n’ont pas de prêtres, mais des « leaders », élus par la communauté locale au suffrage universel. Il n’y a pas de candidat mais chacun écrit le nom de la personne qu’il souhaite choisir sur un papier. Celui qui a eu la majorité des voix devient un leader. Les leaders animent les réunions (et pas les messes).