15 décembre
Nous décidons de rester une nuit supplémentaire à Chichicastenango.
Depuis quelque temps la maitresse d’école reçoit de l’aide. En effet Maxime a acquis suffisamment de fluidité en lecture pour lire à ses petites sœurs. Clara quant à elle se transforme en maitresse en expliquant à Maxime des maths et du français. Cela permet à Clara de réviser des choses qu’elle maitrise bien sans avoir à faire d’exercices.
Le midi nous retournons déjeuner sur la place du marché. Les serveuses ont toujours leurs jupes mayas mais la plupart ont abandonné leurs hauts richement brodés au profit de tee-shirts plus simples.
Comme toujours Stella reste une vedette auprès des femmes mayas, avec ses yeux bleus et ses cheveux blonds.
Sur le parking de l’hôtel où nous sommes installés, des hommes ajoutent du bois à une réserve déjà importante. Nous n’avons jamais vu un stock pareil.
16 décembre
Nous demandons à l’accueil de l’hôtel de nous indiquer sur un plan comment sortir de la ville par des rues adaptées à la taille de notre camping car plutôt que de suivre aveuglément, comme lors de notre arrivée, les indications du GPS. Dès le second carrefour nous nous retrouvons cependant bloqués par des voitures garées dans une minuscule ruelle. Pour nous dégager, nous faisons marche arrière sur plusieurs dizaines de mètres avec moins de 5 cm de chaque coté du véhicule. Nous finissons par nous retrouver dans des rues plus importantes et sortons de la ville sans autre encombre.
Un cochon, gros comme un cochon doit l’être, est allongé au bord de la route. Depuis que nous avons dépassé Guatemala City les animaux paraissent être mieux nourris ainsi que leurs propriétaires.
Après 3 heures de route nous arrivons à Panajachel, au bord du lac Atitlan. Notre intention est d’y faire les courses et de rester demain pour visiter la ville et le bord du lac. Apres avoir payé 30 quetzals de péage comme droit d’entrée du véhicule dans la ville, le parking du supermarché s’avère être bondé et nous ne trouvons pas d’autre possibilité de stationnement à proximité. Nous faisons demi-tour et ressortons de la zone payante pour nous installer dans un camping situé à l’entrée de la ville, au bord du lac.
A côté de nous est garé un camion 4×4 aménagé dont le diamètre des roues dépasse la taille de Stella. Un treuil est prévu pour manipuler la roue de secours. Nicolas part faire connaissance avec ses propriétaires et en profite pour parler allemand. Ce couple de retraités allemands est sur les routes du monde depuis 11 ans, dont 8 avec ce véhicule qu’ils ont en partie aménagé eux-mêmes. Ils demandent à Nicolas s’il connait un endroit pour passer la nuit à Chichicastenango. Malheureusement le parking de l’hôtel où nous sommes allés ne leur conviendrait pas, leur véhicule nous semble trop gros pour les ruelles de cette ville.
Clara et Maxime auraient bien aimé aller jouer mais il faut faire l’école. En effet il y a ici tellement de choses à regarder pendant les trajets que Maxime a du mal à se concentrer sur ses maths. Clara a le mal de transports et les routes de montagne ne lui réussissent pas.
En fin d’après-midi un groupe de jeunes venus camper pour le week-end organise une course-relais. Après la tombée de la nuit, nous profitons de la belle musique d’un grand repas organisé près de la piscine.
17 décembre
Les enfants sont impatients de partir visiter la ville de Panajachel, et pour cause, nous y allons en tuk-tuk. Nous réussissons à tous nous assoir sur la banquette arrière : Justine et Stella au milieu, Nicolas et Marie sur les cotés et Clara et Maxime sur les genoux.
Nous commençons par le marché. Des femmes portent des vêtements traditionnels avec des motifs encore différents de ceux vus à Chichicastenango. Nous achetons quelques fruits et légumes que nous mettons dans nos sacs-à-dos et partons à la découverte de la ville.
Panajachel parait être une destination prisée des touristes à la fois guatémaltèques et étrangers. C’est dimanche, la promenade au bord du lac et les restaurants sont bondés.
Après la visite de la ville et un détour par le supermarché nous retournons au camping car, également en tuk-tuk.
Nous faisons un gros feu de camp avec du bois déjà à moitié brulé que nous trouvons sur place. A la tombée de la nuit nous faisons péter les pétards de Maxime, achetés au Mexique, et qui s’avèreront finalement être des mini feux d’artifice.
Marie fait du yoga près de la piscine et fait ensuite connaissance d’une femme de la ville voisine venue passer la soirée ici, et intéressée par le yoga de Marie. Après avoir expliqué en espagnol, comme elle a pu, les exercices de base du yoga Kundalini Marie, toujours fascinée par les tenues traditionnelles mayas, souhaite savoir si c’est un vêtement de tous les jours ou pas. Maitrisant mal les subtilités de la langue, elle demande si elle porte tous les jours cette tenue. « Mais non, je les change ! J’en ai plusieurs !»
18 décembre
Nous rejoignons la route panaméricaine et passons un col à 3 000 mètres d’altitude. Des champs de maïs occupent des pentes escarpées. Une partie importante des surfaces est cultivée, nous nous demandons comment font les gens pour trouver le bois nécessaire pour la cuisine et le chauffage.
Nous poursuivons notre route jusqu’à Quetzaltenango, deuxième plus grande ville du Guatemala. Nous parvenons à faire remplir notre réservoir de propane, trouvons un supermarché bien achalandé où nous faisons les courses. Nous faisons aussi remplir nos bouteilles d’eau potable dans un établissement qui purifie l’eau.
Non loin du supermarché, des femmes lavent le linge à la main dans un grand lavoir.
Nous passons également de façon inattendue devant une station qui a du diesel à très basse teneur en soufre, nous faisons le plein bien qu’il nous restait encore plus de trois quarts du réservoir.
Nous quittons les territoires habités par les mayas, les belles tenues traditionnelles des femmes sont remplacées par des vêtements plus ordinaires.
Nous passons par un village horticole, de nombreux vendeurs proposent des fleurs au bord de la route.
Notre destination est la Finca Santa Elena, une plantation de café. Au fur et à mesure que la route descend, sa qualité se détériore.
Nous sommes accueillis devant le portail de Finca Santa Elena par Marc, gérant et copropriétaire de l’exploitation. Nous avons de la chance car un groupe de français du voyagiste Terre d’Aventure arrivera un peu plus tard. Nous allons visiter l’exploitation en leur compagnie demain, en français.
Marc est américain, né en France et marié avec une guatémaltèque. Après avoir travaillé pendant plusieurs années pour des ONG dans des pays en développement, sa femme Anna-Maria et lui ont repris la gérance de l’exploitation familiale à la mort du père d’Anna-Maria. Marc est d’une grande gentillesse et nous indique un endroit où nous garer pour la nuit dans l’enceinte de l’exploitation.
19 décembre
La visite guidée avec Marc commence par la plantation de café Arabica. Nous apprenons à cette occasion que les caféiers Arabica produisent du meilleur café mais sont moins productifs et moins résistants aux maladies que leurs cousins Robusta. Le Robusta est surtout utilisé pour le café instantané.
Au Guatemala le café est planté à l’ombre d’autres plantes, ce qui permet entre autres d’obtenir un café à la saveur plus subtile grâce à une durée de maturation des grains plus longue. Ainsi des bananiers et quelques arbres font de l’ombre aux caféiers. Les grains d’Arabica sont cueillis à la main à maturité, ce qui oblige les cueilleurs à repasser plusieurs fois au même endroit au fur et à mesure qu’ils murissent. Les grains de Robusta sont cueillis en une seule fois.
Avant le séchage les grains d’Arabica sont débarrassés de leur enveloppe, alors que le Robusta est séché tel quel.
Les revenus du café des producteurs guatémaltèques varient selon le cours mondial. Il serait en ce moment en-dessous de leur prix de revient. Pour survivre, les exploitations se diversifient. A la Finca Santa Elena, environ 65% des revenus provient du café, 25% des bananes, le reste vient de la vente du bois, du miel et du tourisme.
Pour finir, Marc nous montre les ruches et explique le procédé de séchage des bananes. Nous sommes tous enchantés d’avoir appris tant de nouvelles choses, même Marie qui ne boit jamais de café.
Les enfants attendent avec impatience la deuxième partie de la visite car nous allons monter à l’arrière d’un pick-up en compagnie de Milou, le chien de la plantation.
Nous voyons des cueilleurs récolter les grains de Rubusta, descendons vers un ruisseau qui se transforme en une rivière de 1,5 mètre de profondeur pendant la saison des pluies et grimpons sur une paroi presque verticale en nous tenant aux racines. Clara et Maxime se débrouillent comme des grands, Justine et Stella y arrivent très bien également avec un minimum d’aide des parents.
Après le déjeuner nous allons vers un hôtel situé à 1 km de là en quête de douche chaude et de la piscine pour les enfants. Après une longue négociation, nous ne tombons pas d’accord sur le prix demandé pour nous installer sur leur parking. Alors que nous sommes en train de faire demi-tour avec le camping-car pour repartir, un employé de l’hôtel court vers nous pour nous annoncer qu’ils sont finalement d’accord avec notre proposition de prix. Nous entrons alors sur le parking de l’hôtel et les enfants courent en direction de la belle piscine.
Le soir toute la famille se régale avec les tamales préparés par Anna-Maria (voir photos ci-dessous). Nicolas gronde un peu Justine qui a râlé et pleurniché pendant une bonne partie de la promenade. « Tu as montré ton mauvais coté. » La conversation passe sur Maxime, qui reste de bonne humeur à toute épreuve. Maxime : « Oui, mon mauvais coté est souvent malade. »
20 décembre
Maxime saute du lit le premier « Nous allons toujours au parc d’attractions aujourd’hui ? Parce que des fois ça peut changer. » En effet, nous avons prévu de passer la journée à Xetulul, un parc d’attraction recommandé par notre guide et situé à 8 km de l’hôtel.
Pour y aller nous laissons le camping-car sous la surveillance du garde armé de l’hôtel et prenons le bus local. Le trajet se passe bien, le conducteur nous aide pour prendre la bonne correspondance.
Xetulul ressemble dans sa conception à Disneyland. Mais le prix d’entrée y est 7,5 fois moins élevé. Tout est propre et 3 types de poubelles suggèrent le tri sélectif, que nous n’avons pas vu depuis que nous avons quitté les Etats-Unis. Bien que le parc soit plus petit les attractions sont de qualité et l’absence de files d’attente permet d’en profiter au maximum. Nous serons ravis de pouvoir faire plusieurs tours sur certains manèges et passerons une excellente journée. Un des favoris sera le bateau pirate où nous tirons sur les autres bateaux et les passants avec des canons à eau. Nous en sortons tous trempés, ce qui n’est pas un problème par une température de 35°C.
21 décembre
Nous restons une journée de plus dans cet hôtel. Nicolas en profite pour liquider nos derniers quetzals, monnaie guatémaltèque, et payer le reste du prix de la nuit supplémentaire par carte bancaire.
Le climat d’ici est bien agréable, il fait chaud mais pas trop. Nous sommes dans un hôtel haut de gamme avec comme clientèle de riches guatémaltèques. Des bungalows individuels sont entourés de végétation luxuriante, partout des fleurs dégagent une odeur agréable. Sur le parking sont stationnées des berlines récentes. Les douches sont excellentes et la piscine toute propre. Nous n’avions pas encore vu cet aspect du pays.
Marie lit les consignes aux touristes indiquées sur le plan donné par l’hôtel. Il est recommandé entre autres de ne pas conduire la nuit, d’aller à la plage en groupe plutôt que seul et de ne jamais prendre d’autostoppeur. Au cas où quelqu’un au bord de la route semble avoir besoin d’aide, il ne faut pas s’arrêter mais appeler le service approprié, aux numéros indiqués.
C’est notre dernière journée au Guatemala, demain nous retournerons au Mexique. Nous y avons passé 4 semaines et avons beaucoup aimé. La nature y est très belle et c’est surprenant de voir une telle variété de paysages sur un petit territoire. Malheureusement ce pays a découvert trop tôt les bienfaits du plastique, des déchets trainent dans la nature. Et quand ils ne trainent pas dans la nature ils sont brulés en plein air, ce qui dégage des odeurs désagréables.
Les gens sont d’une grande gentillesse, toujours souriants et abordables. Nous nous sommes sentis bien mieux accueillis qu’au Mexique. Nous avons toujours eu l’impression d’être en sécurité, en partie grâce à l’attitude bienveillante des guatémaltèques autour de nous. Nous sommes restés dans des endroits touristiques, avons conduit de jour uniquement et n’avons laissé le camping-car sans notre propre surveillance que dans des endroits gardés.
22 décembre
Nous partons tôt avec l’intention de passer la frontière et de faire une partie du chemin vers Oaxaca. A plusieurs reprises nous passons des barrages où des hommes ont construit un ralentisseur en terre et demandent de l’argent. Ils ne sont que 3 ou 4 à chaque fois, nous refusons.
Après 3 heures de route nous arrivons au poste frontière avec le Mexique. Un sacré capharnaüm, un modèle de désorganisation ! On nous demande de nous garer plus loin pour faire annuler l’importation temporaire du véhicule. Nous avançons et nous nous retrouvons complètement bloqués dans un bouchon, nulle-part où se garer. C’est une route avec une voie dans chaque sens, bordée de bâtiments avec d’innombrables enseignes commerciale. Les véhicules sont à l’arrêt dans les deux sens, des tuk-tuks et des vendeurs ambulants se faufilent entre les véhicules arrêtés. En sens inverse, nous voyons plusieurs voitures accidentées en train d’être remorquées au Guatemala, probablement pour y commencer une nouvelle vie.
L’annulation du permis d’importation temporaire étant une opération simple, et en l’absence de parking, nous nous arrêtons au bord de la route et Nicolas part faire les papiers. Il ne reviendra qu’au bout d’une heure et demie. Pendant ce temps différentes personnes en charge de gérer la circulation viendront voir Marie une dizaine de fois en lui demandant de bouger le véhicule. N’ayant encore jamais conduit le camping-car, Marie n’a pas envie de commencer dans ces conditions. Nous contribuerons ainsi à la hauteur de nos moyens à la totale désorganisation des lieux.
Nous déplaçons le véhicule de 100 mètres pour obtenir sur nos passeports le tampon de sortie du Guatemala. Hélas l’informatique est en panne, nous devons patienter.
Après avoir traversé la rivière nous arrivons au poste de contrôle mexicain. Nous n’avions pas annulé le permis d’importation temporaire du véhicule au Mexique, il reste valable. Nous n’avons donc à nous occuper que des personnes. Nicolas part garer le camping-car sur un parking prévu à cet effet pendant que Marie, avec les enfants, commence à faire la queue aux guichets.
Il nous reste quelques provisions que nous espérons emmener avec nous au Mexique, comme quand nous y étions arrivés depuis les USA. Une douanière nous dit que nous n’avons droit à aucun fruit, légume, viande, œuf ou produit laitier. Sceptique, Nicolas conteste. Pour justifier l’interdiction, elle nous donne un dépliant en espagnol. Or celui-ci indique pour chaque catégorie de produits frais quelle quantité est autorisée à traverser la frontière pour une consommation familiale. Etant très en dessous des quantités indiquées, Nicolas n’est pas d’accord. Elle ne veut rien entendre et dit que ce n’est pas valable depuis le Guatemala. Pourquoi donner le dépliant alors ? Cette discussion est régulièrement ramenée à son point de départ par l’intervention d’autres fonctionnaires venus vérifier l’un l’alcool et le tabac, l’autre les papiers du véhicule.
Pendant que les échanges s’éternisent, Marie essaie d’obtenir les formulaires à remplir pour pouvoir entrer au Mexique. Ici il faut faire la queue pour obtenir les formulaires, et on ne veut rien lui donner en l’absence de Nicolas : il faut être physiquement présent pour avoir un formulaire vierge. Entre temps un car dépose une cinquantaine de personnes qui se retrouvent devant nous dans la file d’attente. Une fois que tout est renseigné, il faut refaire la queue encore une fois au même guichet. L’officier, qui fait ça toute la journée, nous envoie alors au guichet pour payer le droit d’entrée, où on nous demande de revenir au guichet précédent car il manque un tampon…
Une fois les 6 tampons manquants obtenus, nous revenons au guichet pour payer, où on refuse notre type de carte bancaire sans même essayer d’effectuer la transaction. Ayant déjà payé avec cette même carte lors de notre première entrée au Mexique en octobre, nous contestons de nouveau, ils finissent par accepter et se lancent ensuite dans l’impression interminable de papiers.
Au bout de plusieurs heures, nous sortons enfin avec nos passeports tamponnés. La même douanière revient à la charge sur le contenu de notre frigo. Au nom de la protection des campagnes mexicaines, elle met à la poubelle des fruits et légumes, nos œufs, la viande et le fromage, ainsi qu’un fromage au lait pasteurisé non entamé, encore emballé sous vide et dont l’étiquette mentionne « Hecho in Mexico », tout en laissant le même fromage mais qui lui était ouvert et dont il restait moins d’un quart…
Alors que nous avions eu une bonne impression de la frontière mexicaine quand nous étions arrivés depuis les Etats-Unis, notre impression est cette fois déplorable.
Au total (sortie du Guatemala + entrée au Mexique) le passage de la frontière nous aura pris plus de 5 heures. Après 30 minutes de route, nous nous arrêtons pour la nuit à une station Pemex.
Nous retirons notre carte SIM guatémaltèque de notre smartphone et remettons notre carte SIM mexicaine, pour laquelle nous achetons une recharge à la station service où nous sommes stationnés.