Belize-Guatemala

7 décembre

L’endroit où nous sommes installés est étroit et très encombré dans la journée. Nous préférons partir tôt, avant 6 heures du matin, afin de ne pas rester coincés et pouvoir manœuvrer pour sortir de là avant que n’arrivent d’autres véhicules.

Il fait frais le matin, nous sommes à 1 900 mètres d’altitude. Comme la veille, nous voyons des femmes venir dans une maison chacune avec une petite bassine pleine de graines de mais et en ressortir avec une bassine pleine de pâte à tortilla.

Notre stratégie a bien fonctionné, nous sortons du parking sans encombre et entamons la descente. Malgré l’heure matinale, ici et là des gens attendent le bus au bord de la route. Sur les pentes des caféiers poussent à l’ombre des acacias.

Les enfants se réveillent un par un et nous demandent quand nous allons manger. Nous aimerions bien nous arrêter, encore faut-il pouvoir garer le camping car.

Des ex bus scolaires américains passent de temps à autre, certains peints avec des motifs élaborés. Aux Etats-Unis, au bout de 10 ans de service, les bus scolaires sont vendus aux enchères et entament une nouvelle vie, notamment au Guatemala.

 

Il fait de plus en plus chaud au fur et à mesure que la route descend vers la côte. Vers 7h30 nous arrivons enfin devant un centre commercial. Le supermarché n’ouvre qu’à 8 heures mais après discussion le gardien nous laisse entrer et nous prenons enfin notre petit déjeuner, dans le camping-car garé sur le parking du supermarché, en attendant l’ouverture.

 

Vers 13 heures nous arrivons enfin à Monterrico où nous allons à Parque Hawaii, au bord de l’océan Pacifique. Il y de la place pour nous installer à l’ombre des arbres.

Francisco, un étudiant stagiaire, nous accueille et s’assure que tout soit bien.

 

L’eau de l’océan Pacifique est ici à une température de 30°C, la plage de sable noir est magnifique. Après le déjeuner, Nicolas part sauter dans les vagues avec les enfants. Avec une eau à 30°C, aucune difficulté à y entrer !

Parque Hawaii est un organisme ayant pour objectif la sauvegarde des tortues marines, toutes en voie d’extinction. Au Guatemala, il est légal de récupérer sur les plages les œufs de tortues et d’en faire commerce. Il parait que ça se vend sur les marchés. Parque Hawaii achète des œufs de tortues aux habitants qui les ont récupérés sur les plages, à 1 quetzal environ l’œuf, pour les mettre dans des incubateurs. Après environ 45 jours, les bébés tortues naissent et sont relâchés sur la plage.

Dans des volières évoluent des perroquets très bavards, ex animaux de compagnie dont les propriétaires ne voulaient plus, ainsi qu’un petit crocodile (où bien un de ses cousins, nous ne sommes pas experts).

Le soir nous assistons à la libération des tortues nées dans l’heure qui précédait, gérée avec professionnalisme par Francisco. Les bébés tortues sont relâchés à 7 mètres de l’eau environ. Elles s’orientent vers la mer, endroit le plus lumineux. Une fois la tortue sur le sable, il faut la laisser aller seule vers l’eau et ne pas se mettre en travers de son chemin. Cette étape semble cruciale pour que les tortues, qui passent toute leur vie en mer et reviennent pondre leurs œufs sur la plage où elles sont entrées dans l’eau, puissent des années plus tard retrouver leur chemin.

Il fait presque nuit et nous voyons à peine les petites tortues disparaitre dans l’immense océan.

 

8 décembre

Toute la nuit une personne reste sur la terrasse de Parque Hawaii pour accueillir d’éventuels vendeurs d’œufs de tortues et relâcher les bébés qui naissent. La plupart des naissances ont lieu la nuit, dans la journée le sable est trop chaud pour que les bébés tortues atteignent l’océan.

Cette nuit, deux autres reptiles type crocodile sont arrivés à Parque Hawaii, les gueules bandées pour le transport. Quelqu’un aurait tenté de les garder en tant qu’animaux de compagnie mais les spécimens ne se montraient probablement pas assez affectueux.

Nous commençons par visiter une exposition sur les tortues marines et leur cycle de vie. Seule 1 tortue sur 1000 environ atteint l’âge adulte. Dans le Pacifique, la population des tortus luths, qui fréquentaient jadis cette plage, s’est effondrée de 95%.

Dans la journée les enfants auront l’occasion de nourrir les perroquets, nettoyer une tortue retrouvée malade sur la plage il y a quatre mois et toujours soignée ici, lui donner à manger des petits poissons, et jouer avec un chaton.

 

Pendant que les petits s’amusent, nous faisons connaissance avec Laura, une danoise de 19 ans. Dans le passé, Laura a beaucoup voyagé avec ses parents. A 11 ans, elle a entendu parler de Médecins sans Frontières. L’idée d’intervenir dans des pays défavorisés l’a séduite et elle a entamé des études pour devenir médecin urgentiste et s’engager ensuite dans cette association.

Laura a interrompu 6 mois ses études pour voyager en Amérique latine et apprendre l’espagnol. Elle a commencé par la Bolivie, où elle a passé 3 mois à apprendre l’espagnol et à travailler dans un hôpital local avec d’autres bénévoles, en logeant dans une famille.

Elle a ensuite visité le Pérou, le Chili et la Colombie. Elle voyage seule avec un sac à dos et ne s’est jamais sentie en insécurité. Soucieux d’attirer les touristes, les pays d’Amérique Latine feraient des efforts pour sécuriser les lieux les plus visités. Et puis les locaux ont toujours été là pour l’aider et la prévenir si elle se trouvait dans un endroit potentiellement dangereux.

Laura fait une pause de deux semaines à Parque Hawaii pour s’occuper des tortues en tant que bénévole. Elle poursuivra ensuite vers Cuba, retrouvera sa famille en Floride pour Noël puis visitera New York avant de rentrer au Danemark et reprendre ses études.

 

9 décembre

Le matin, Marie part avec les enfants assister à la libération des tortues à 6h30. Le soleil est à peine levé, l’océan est magnifique. Nous pouvons bien voir les petites tortues partir dans l’eau. Elles sont touchantes dans leur détermination à atteindre l’océan. Parfois de grosses vagues arrivent et emportent celles parvenues suffisamment loin, et repoussent les autres vers la plage. Mais les petits ne paraissent nullement découragés et se remettent à marcher vers l’eau.

 

L’endroit est tellement agréable que nous restons une journée supplémentaire et y déjeunons. Clara et Maxime font l’école sous le préau. Justine dessine une belle tortue dans la mer.

Quelque temps après un nouvel élève vient nous rejoindre. Le petit chaton noir saute sur la table de travail, joue avec les crayons et essaie de tourner les pages des livres.

Lors d’un succulent déjeuner nous faisons la connaissance d’Andrea, la directrice du centre. Andrea est d’une grande gentillesse et respire la joie de vivre, encore plus que les autres guatémaltèques rencontrés. Elle nous explique que le gouvernement a réfléchi à l’éventualité d’interdire le ramassage des œufs de tortues. Mais une grande partie de la population est tellement pauvre que rendre le ramassage des œufs illégal leur ôterait un moyen de subsistance.

 

D’après notre guide de voyage, plus de la moitié de la population du Guatemala vit sous le seuil de pauvreté. Ceci n’empêche pas les gens d’arborer un large sourire.

10 décembre

 

Le responsable national d’ARCAS, l’association qui gère cet organisme pour les tortues, est arrivé hier soir. Une part importante de son travail consiste à rechercher des fonds. En effet, les ressources proviennent pour moitié des services vendus (camping, hébergements, repas, lâchers de tortues payants), 20% provient du gouvernement qui paye les salaires des quelques personnes qui travaillent ici de façon permanente. Le reste provient de donateurs. Le Guatemala est un pays pauvre au point qu’une partie de la population ne mange pas à sa faim. Ainsi, beaucoup de donateurs préfèrent financer des programmes humanitaires.

 

Nous quittons Monterrico et après 120 km parcourus en 4 heures (!), nous arrivons à Antigua. La température a chuté de 20°C, passant de 35 à 15°C. Nous sortons les polaires.

Jadis centre administratif de la Mésoamérique, la capitale a ensuite été transférée à Guatemala City après un tremblement de terre et la ville s’est comme endormie depuis, telle la Belle au Bois Dormant. Elle n’aurait pas changé depuis des siècles.

Nous nous installons sur le parking clos et gardé de la police touristique où nous resterons deux nuits, tout près du centre historique, à côté d’un camping-car espagnol. C’est une famille avec deux filles parcourant la panaméricaine. Leur site (en espagnol)

 

Après le déjeuner nous nous rendons au marché puis flânons dans les rues. Nous visitons le Antiguo Colégio de la Compania de Jesus, devenu centre culturel, hébergé dans de beaux bâtiments.

11 décembre

Nous revenons sur le marché, dans sa partie alimentaire. Des clients se faufilent dans d’étroits couloirs entre les stands, des femmes en costume traditionnel portent de grands paniers sur la tête. Les tenues traditionnelles sont faites de beaux tissus et ornées de broderies. Il nous parait incroyable d’utiliser ce type de vêtements pour travailler.

Après avoir flâné un moment entre les stands couverts, nous nous arrêtons sur une place à l’air libre sans la moindre idée d’où est la sortie. Grâce aux volcans environnants, certains dégageant de la fumée, nous réussissons à nous orienter et à retrouver notre chemin.

 

Quelques boutiques sur le marché proposent de louer un téléphone.

Nous continuons notre balade dans les rues. Antigua est une jolie ville avec ses rues pavées et ses maisons coloniales de couleur pastel bien restaurées. Afin de voir une cour intérieure, nous entrons chez McDonalds, qui occupe un bel hôtel particulier. Le cadre est magnifique bien que nous semblant décalé par rapport à l’image du fast-food.

Au musée du cacao, nous apprenons que le cacao a été découvert par les mayas qui en faisaient une boisson.

Nous continuons à arpenter les rues, rentrons au camping-car en milieu d’après-midi puis faisons une lessive dans une laverie.  Marie retourne au marché et en revient avec de nouveaux fruits que nous n’avons encore jamais goutés, et des tortillas, sortes de petites crêpes à base de farine de blé ou de mais cuites sur une plaque chaude, mangées ici en guise de pain.

 

Les fruits-hérissons s’avèrent être des litchis, au gout plus délicat que ceux que l’on trouve en France. Les deux autres n’ont pas d’équivalent en France.

En manque de junk food, nous profitons d’être en ville pour dîner au Domino’s Pizza voisin avec une pizza familiale carrée de 45 cm de coté.

12 décembre

Nous nous mettons en route vers Chichicastenango. Nous serons arrêtés à deux reprises par la police, sans raison apparente la première fois si ce n’est satisfaire la curiosité des policiers, qui nous laissent repartir après une discussion de salon, pour contrôle du permis, passeport et papiers du véhicule la seconde fois (RAS). Nous voyons des gens, y compris des enfants, marcher au bord de la route avec des fagots de bois sur le dos. Difficile cependant de deviner l’âge des enfants. Les mayas sont petits. Clara, certes grande pour ses 9 ans, a la taille d’une femme maya adulte.

Des centaines d’enfants au bord de la 4 voies font signe aux véhicules en cette période de vacances scolaires. En nous demandant quel est l‘intérêt d’être ici à respirer les gaz d’échappement au bord de la panaméricaine, nous leur répondons. Nous avons l’impression de nous transformer en célébrités à agiter constamment les bras.

Notre route quitte la panaméricaine et nous traversons d’interminables zones de dos d’ânes. Jusqu’ici ils étaient faciles à repérer de loin grâce à la présence de vendeurs ambulants, mais sur cette route il n’y a personne près des dos d’âne et Nicolas doit rester vigilant.

 

Si au Mexique, pourtant aussi hispanophone, les dos d’ânes s’appelaient « tope » ici on les appelle « tumulo ». De même, les panneaux « regardera » et « alberca » du Mexique ont ici été remplacés par « ducha » et « picina ».

A 8 kilomètres de l’arrivée la route entame une vertigineuse descente tout en zigzaguant. Nicolas passe la première et malgré cela nous avançons encore trop vite. La pente de la route dépasse de loin les 18% que nous avions expérimentés au Canada.

Si en arrivant dans la ville nous pensions avoir eu notre dose d’émotions fortes de la journée, les difficultés ne font que commencer. Le GPS nous envoie par de minuscules ruelles en pente, où nous arrivons à peine à nous faufiler sans toucher ni les voitures garées ni les toits des maisons. Heureusement nous sommes toujours parvenus à passer, car faire marche arrière dans ces ruelles serait impossible.

Nous arrivons enfin à notre destination, un hôtel au centre-ville de Chichicastenango qui propose aux camping-cars de camper sur son parking tout en profitant des services de l’hôtel. L’hôtel a une jolie cour intérieure et met à notre disposition une salle pour faire école aux enfants.

Le soir nous entendons de la musique, probablement la célébration de la fête de Santo Tomas, dont les festivités s’étalent du 5 au 21 décembre. Nous regardons depuis notre camping-car le feu d’artifice et des lanternes qui s’envolent vers le ciel.

13 décembre

Entre les douches, le ménage, les petits bricolages et la mise à jour du site web la matinée passe vite. Nous partons l’après-midi faire un tour dans la ville de Chichicastenango. Le grand marché aura lieu demain mais la place principale est quand même occupée par des vendeurs. Nous voyons de nouveau des femmes en costume traditionnel mais les motifs sont un peu différents de ceux vus à Antigua.

A défaut de pouvoir donner la main à tout le monde dans ces passages étroits, les enfants marchent devant nous. A un moment Justine, qui regarde et commente tout, se retrouve derrière et Marie lui demande de la doubler.  « Sinon, je ne sais pas si tu es là ou pas, j’ai peur de te perdre. » « Mais maman, tu sais que je suis là, je te parle tout le temps ! ».

Sur la place principale des hommes sont en train de décorer l’église Saint-Thomas. Il est malheureusement interdit de prendre des photos à l’intérieur.

Nous nous arrêtons pour faire quelques achats dans des petites boutiques de la ville. Ces petites boutiques ne sont pas plus chères que les supermarchés, même plutôt moins chères. Nous achetons également de délicieuses tortillas au maïs noir.

 

Avant le dîner Marie cherche à faire rattraper à Clara et Maxime l’école que nous aurions due faire ce matin, pendant que Justine et Stella sont immobilisées autour de la tablette. Il est 17h et les enfants se fatiguent vite. En regardant avec Marie les problèmes de maths, Maxime a tendance à loucher sur la tablette. « Ne regarde pas tes sœurs jouer, tu auras du mal, » lui dit Marie. « Mais j’ai déjà du mal, maman ! »

 

Le soir, le feu d’artifice est encore plus grand que la veille et les festivités continuent sur la place principale. A 22h la fête se termine et le calme revient.

14 décembre

La musique reprend à 7 heures du matin. Réveillées, Clara et Marie partent acheter des tortillas fraiches au marché. De nombreux vendeurs sont déjà prêts, d’autres sont en train d’installer leur stand. Sur la place principale, un orchestre joue de la musique et des gens déguisés en personnages des dessins animés dansent devant l’église.

Après le petit-déjeuner nous partons à la découverte du gigantesque marché. Des stands sont partout, le centre-ville est fermé à la circulation.  Ce marché est une des principales curiosités touristiques et nous nous attendions à voir beaucoup d’étrangers. Or il n’en est rien, la plupart des clients sont des locaux et les vendeurs d’artisanat paraissent être bien plus nombreux que les acheteurs. Le marché est animé, les passages entre les stands sont étroits, ainsi nous avons parfois du mal à nous faufiler.

Les femmes en costume traditionnel sont encore plus nombreuses et leurs tenues toutes aussi splendides. En l’absence de poches, elles coincent de petits objets tels les téléphones portables derrière leurs larges ceintures. Ici les téléphones portables d’ancienne génération sont encore très répandus, alors qu’en France nous faisons figure de dinosaures à les utiliser encore.

Marie demande à deux reprises si les femmes portent ces vêtements tous les jours. A un endroit on lui répond oui, à un autre endroit que c’est uniquement à l’occasion des festivités de Santo Tomas…

Nous commençons par la partie du marché destinée aux locaux. Nous trouvons des vis pour de petites réparations, vendues à l’unité, et une brosse pour frotter le sol du camping-car.

Près de notre hôtel sont installés des vendeurs de volailles et autres animaux vivants. Les enfants sont enchantés de voir des dindes, des chatons, des chiots.

 

L’après-midi, après une pause école, nous retournons faire un tour et acheter quelques fruits et légumes.

A peine couchés, les enfants sautent du lit pour voir encore un feu d’artifice. « C’est Disneyland ici, feu d’artifice tous les jours ! » s’exclame Nicolas.